Affaire Omar Raddad : l’ADN retrouvé sur des scellés n’est pas celui du jardinier

 Affaire Omar Raddad : l’ADN retrouvé sur des scellés n’est pas celui du jardinier

Cri de détresse de la victime ou manipulation pour faire accuser le jardinier : l’inscription retrouvée à côté du corps de Ghislaine Marchal a été au cœur de l’affaire dite Omar Raddad.


25 ans après le drame de Mougins, de nouveaux éléments viennent renforcer la défense d’Omar Raddad, jardinier condamné en 1994 à 18 ans de prison pour le meurtre de sa patronne Ghislaine Marchal. Les empreintes génétiques récemment retrouvées sur trois scellés de l’affaire ne correspondent ni à celles du jardinier ni à celles des possibles suspects désignés par son avocate, a fait savoir le parquet de Nice.


 


Une inscription devenue célèbre


En cet été 1991, un meurtre monopolise l’attention de toute la France. Outre la violence du crime, c’est une inscription, avec sa désormais célèbre faute d’orthographe, qui va marquer l’opinion publique : « Omar m’a tuer ». C’est le début de l’affaire Omar Raddad, cas rare d’affaire portant le nom d’un suspect plutôt que celui de la victime.


Le 23 juin, Ghislaine Marchal, alors âgée de 65 ans, une riche veuve vivant à Mougins (Alpes-Maritimes), avait été tuée à coups de couteau dans sa propriété. Le jardinier semble le coupable idéal : d’origine étrangère et nommément accusé par une inscription supposée être écrite par la victime avec son propre sang. Malgré l’absence de preuve irréfutable, il est condamné 1994 à 18 ans de réclusion criminelle. Une condamnation au gout amer pour ses défenseurs et tous ceux qui ont vu là une injustice due uniquement aux origines maghrébines de l’accusée.


Cette condamnation a d’ailleurs été assortie de « circonstances atténuantes » qui, vu la violence du crime, ne peuvent s’expliquer que par les doutes des jurés d’assise. Autre preuve des hésitations des autorités, le prisonnier bénéficiera d’une grâce présidentielle partielle de Jacques Chirac moins de quatre ans après sa condamnation.


 


L’ADN pourrait innocenter Omar Raddad


L’annonce du parquet de Nice le 10 octobre constitue un rebondissement à même de rouvrir le dossier : les traces ADN découvertes en novembre 2015 grâce aux progrès techniques ne correspondent pas à celles de M. Raddad. Ces traces, retrouvées sur deux portes et un chevron, doivent maintenant être comparées au Fichier national automatisé des empreintes génétiques (FNAEG), qui permet de déterminer une éventuelle correspondance avec une personne répertoriée dans ce fichier, a précisé le procureur de Nice Jean-Michel Prêtre.


Ces traces n’ont pas encore non plus été comparées avec les ADN d’autres personnes de l’entourage de la victime pour lesquelles l’avocate d’Omar Raddad, Sylvie Noachovitch, avait ultérieurement demandé aussi un recoupement, a ajouté M. Prêtre au cours d’un point presse. « On va aller au bout du possible » dans cette procédure, a-t-il assuré.


S’appuyant sur la loi du 20 juin 2014 visant à assouplir les critères pour obtenir la révision d’un procès, Me Noachovitch avait demandé et obtenu de la part du parquet de Nice que soient ordonnés de nouveaux prélèvements sur deux portes et un chevron qui se trouvaient sur la scène de crime. C’est sur ces deux portes qu’avaient été écrites avec le sang de la victime les inscriptions « Omar m’a tuer » et « Omar m’a t ». D’autres traces ADN ne correspondant pas à celles de M. Raddad avaient déjà été retrouvées sur le lieu du crime, mais la justice lui avait refusé en 2002 un nouveau procès.


Rached Cherif