Accueil des migrants : « L’Etat doit prendre ses responsabilités »
Afin d'attirer l'attention sur les conditions indignes de voyage et d'accueil en Europe pour les réfugiés, était organisée, dans nombreux pays de toute l'Union, une Marche européenne pour les droits des réfugiés. Samedi (27 février), à Paris, c'est le Bureau d'accueil et d'accompagnement des migrants (BAAM) appelait à un rassemblement pour, et avec, les migrants.
Matraquage, gazage
Créé fin 2015, juste après l'évacuation du lycée Jean Quarré (19ème), le BAAM regroupe les militants de terrain ayant œuvré dans le lycée. Ainsi profs, de français, intervenants médicaux ou autres juristes s'attachent, depuis, à travailler auprès des demandeurs d'asile évacués, mais interviennent également sur les campements de migrants comme nous le confirme Eloïse, présidente du BAAM : « A la Chapelle, Stalingrad et gare de l'Est. De nouveau des campements parisiens évacués parles forces de police qui n'hésitent pas à frapper, matraquer, gazer, car leur seule obsession c'est qu'ils ne dorment pas en groupe. Sauf que dormir en groupe quand on vit dans la rue, et n'importe quel SDF vous le dira, c'est une source de sécurité ».
L'association tient également à dénoncer les conditions d'hébergement des demandeurs d'asile évacués : « Nous voulons attirer l'attention du public sur les conditions complètement précaires dans lesquelles ils vivent dans les centres. Le but des autorités n'est pas de les aider, mais juste qu'ils disparaissent de Paris ».
Responsabilités
Cette Marche européenne pour les droits des réfugiés intervient quelques jours après le début du démantèlement de la zone sud de la « jungle de Calais ». Pour la présidente de l'association, les effets de cette décision se feront bientôt ressentir sur la capitale : « Ils ne pourront pas passer en Allemagne puisque la Belgique a fermé ses frontières.Donc il va y avoir de nouveau des campements sur Paris. 300, 600, 800 personnes à la rue, qui seront gérés par des citoyens lambda et qui ne seront pas pris en charge par les pouvoirs publics ».
L'évacuation de la zone sud de la « jungle de Calais » est loin d'être une solution pour le BAAM qui demande au gouvernement de prendre ses responsabilités : « L'Etat doit prendre ses responsabilités, l'Etat doit construire des centres d'accueil dignes où ils pourront faire leurs démarches et leurs demandes d'asile ».
Jusqu'ici, le gouvernement ne s'oriente pas vraiment vers la construction de centres d'accueil. En attendant le BAAM va continuer ses actions de formations au droit des étrangers, ses distributions de kits d'hygiène et compte bien, dans un avenir proche, « interpeller les politiques sur ces matraquages et gazages policiers systématiques. Via une lettre ouverte et un signalement auprès du procureur public ». Le gouvernement est prévenu.
F. Duhamel