Accueil de réfugiés : SOS Racisme et les Verts attaquent la marie de Charvieu-Chavagneux
L'association SOS Racisme a annoncé mercredi son intention de saisir la justice « pour incitation à la haine raciale et à la discrimination » après la décision de la mairie de Charvieu-Chavagneux (Isère) de n’accueillir que des réfugiés chrétiens parce qu’ils « ne procèdent pas à la décapitation de leur patron », en référence à l’homicide commis par Yassin Salhi en juin dernier.
« Les chrétiens ne mettent pas en danger la sécurité d'autrui »
Alors que les premiers réfugiés qui doivent être accueillis par la France ont commencé à arriver dans l’Hexagone, certaines mairies ont expressément affirmé qu’elles n’accepteraient que des réfugiés chrétiens dans leurs communes. La commune de Charvieu-Chavagneux (Isère) est allée plus loin mardi en expliquant cette position par le fait que « les chrétiens ne mettent pas en danger la sécurité d'autrui, qu'ils n'attaquent pas les trains armés de kalachnikov, qu'ils n'abattent pas des journalistes réunis au sein de leur rédaction et qu'ils ne procèdent pas à la décapitation de leur patron ».
La proposition en ce sens du maire divers droite, Gérard Dézempte, a été approuvée à l'unanimité par le conseil municipal. Dans le délibéré, les élus expliquent vouloir ainsi « pallier la politique étrangère irresponsable de l'État ». Ville de 8 250 habitants, Charvieu-Chavagneux est située à une quinzaine de kilomètres de Saint-Quentin-Fallavier (Isère), où Yassin Salhi a tenté le 26 juin de faire exploser une usine après avoir décapité son employeur.
Une décision qui n’appartient pas aux maires
L’association SOS Racisme a décidé de saisir la justice administrative « en référé afin de faire annuler cette délibération discriminatoire » et de déposer une plainteà l'encontre du conseil municipal « pour incitation à la haine raciale et à la discrimination ».
Europe Écologie Les Verts s’est joint au mouvement en annonçant également de leur côté que des élus « ont saisi ce jour le Procureur de la République pour dénoncer ces infractions, dont la discrimination et l’incitation à la haine en raison de la religion ». Les plaignants appellent même « à des sanctions exemplaires concernant des élus censés représenter les idéaux d’Égalité et de Fraternité de notre République », indique le parti écologiste dans un communiqué. Des élus locaux d’EELV ont également interpellé le préfet de l’Isère en vue d’une annulation de la délibération du conseil et d’une révocation du maire et de ses adjoints.
Au sommet de l’État, le Premier ministre Manuel Valls a répliqué sèchement mardi aux communes concernées : « On ne trie pas en fonction de la religion. Le droit d'asile, c'est un droit universel ». « La France doit pouvoir accueillir dans ses villes tous ceux qui sont persécutés, quelles que soient leurs religions, leurs histoires », a pour sa part estimé le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve. Il a également rappelé que l'affectation des demandeurs d'asile sur les lieux d'hébergement est décidée par l'OFII (Office français de l'immigration et de l'intégration) et non par les maires.
Rached Cherif