« A nos morts », spectacle hommage aux tirailleurs
La compagnie strasbourgeoise « Mémoires vives » organise depuis près de 10 ans des spectacles vivants liés à l'histoire de l'immigration et aux « oubliés de l'Histoire ». « A nos morts » a été l’un des premiers. Il joue encore aujourd’hui.
On les appelle les Goumiers, les zouaves, les tabors, les spahis et ils n’ont pas les mêmes droits que les autres anciens combattants français, et pourtant ils ont combattu au sein de l’armée française. Depuis 2006, le spectacle « A nos morts » tourne beaucoup. Il rend hommage aux tirailleurs africains. En 1959, la loi de finances a transformé leurs pensions et retraites en indemnités non-indexables sur le coût de la vie. Cela fait 50 ans que leurs pensions sont cristallisées. Après la sortie du film « Indigènes » de Rachid Bouchareb, Jacques Chirac, qui était alors président de la République, s'engage à annuler le gel du montant des pensions des anciens combattants des colonies. Pourtant, aujourd’hui, il y a encore des disparités.
Spectacle en 3 volets
« A nos morts » est le premier volet d'un triptyque sur l'histoire coloniale française, mis en scène par la compagnie « Mémoires vives », créée en 2006 à l’initiative d’artistes, de réalisateurs, d’historiens, de travailleurs sociaux et d’acteurs culturels. Elle s’est donnée pour objectif de produire et diffuser des spectacles vivants traitant de l’histoire des immigrations et de ceux qu'ils appellent les oubliés de l'Histoire. Après « A nos morts », « Folies Colonies » est le deuxième volet sous la forme loufoque d’un théâtre forain, raconte « la fabuleuse histoire des colonies françaises ». Et le troisième et dernier volet s’intitule « Beautiful Djazaïr ».
« Samudaripen »
« Mémoires vives » a aussi mis en scène un spectacle en hommage à Aimé Césaire qui s’appelle « Héritages ». Il a été conçu durant une résidence au festival Strasbourg Méditerranée. Dans la foulée, la compagnie a aussi monté « Samudaripen » (signifie « génocide » en langue rom), spectacle sur le génocide tzigane pendant la seconde guerre mondiale. Cette œuvre évoque les persécutions subies par les peuples nomades européens.
Education des plus jeunes
A la tête de la direction artistique de cette compagnie, il y a Yan Guilgue. Un Alsacien pur sucre et pur souche qui a tissé des liens avec le Maroc depuis 15 ans, sa femme est d'origine marocaine. C'est un ancien militant de SOS Racisme, ancien animateur de quartier, fils d’enseignants, qui a la quarantaine et qui aura finalement échappé à son destin… quoique puisqu’aujourd’hui, grâce à son spectacle, Yan Guilgue contribue d’une certaine manière à l’éducation des plus jeunes.
Chloé Juhel
Prochaine date du spectacle « A nos morts », le 10 novembre au Centre Culturel Régional Action Sud, à Nismes (Belgique) ; le 15 décembre à la Salle des fêtes de Villerupt (Meurthe-et-Moselle)