Françafrique. Encore de beaux jours
Tout en sautant d’un avion à un autre, d’une capitale africaine à une autre, Emmanuel Macron s’est découvert un nouveau mantra: « en finir avec la Françafrique », mais le président français a-t-il vraiment le choix ?
Le chef de l’exécutif qui sillonne les capitales africaines claironne à qui veut bien l’entendre : « Je n’ai pour ma part aucune nostalgie vis-à-vis de la Françafrique, mais je ne veux pas laisser une absence ou un vide derrière elle, nous sommes comptables du passé sans avoir encore totalement convaincu sur les contours de notre avenir commun. »
Avant de prendre l’avion pour la brousse, Macron avait tenu à prononcer un discours consacré à la politique africaine de la France, dans lequel il n’a pas oublié de citer le Maroc et l’Algérie en crise ouverte avec la France depuis quelques mois déjà. Alors que les relations de la France avec le Maroc sont tendues, Macron avait tenu à rappeler que sa « volonté est vraiment d’avancer avec le Maroc. » « Le roi le sait, nous avons eu plusieurs discussions, il y a des relations personnelles qui sont amicales » a-t-il affirmé.
Avec l’Algérie, il a évoqué une série de sujets stratégiques, en lançant : « On va avancer, la période n’est pas la meilleure mais ça ne m’arrêtera pas », dénonçant au passage ceux qui « essaient de monter en épingle des péripéties » et ceux qui « ont intérêt » à ce que la réconciliation franco-algérienne « n’aboutisse pas » !
La dix-huitième des visites que Emmanuel Macron a entamé mercredi en Afrique n’a en réalité qu’un seul objectif que ce soit au Congo, en Angola au Gabon, et encore en République démocratique du Congo, où la Françafrique a toujours ses relais, Emmanuel Macron fait office de pompier et pas autre chose. Il cherche à calmer la haine des populations africaines qui ne peuvent plus sentir la France et surtout réduire l’offensive russe qui vit ses beaux jours en Afrique centrale au Mali et au Burkina Faso, où les mercenaires de Wagner sont déjà bien implantés.
La France a une présence militaire hégémonique en Afrique et Emmanuel Macron a beau annoncer le « réaménagement » des bases militaires françaises sur le continent, on peut toujours se poser la question sur la légitimité de la présence de ces bases dans des pays supposés être indépendants comme Djibouti, le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Gabon et le Tchad.
Quant à la volonté de tourner le dos au passé et de mettre en place une nouvelle politique, il va falloir venir à bout des réseaux de la Françafrique à Paris même, à commencer par ce fameux Conseil présidentiel pour l’Afrique (cellule africaine), mis en place par Jacques Foccart, qui définit la politique étrangère de l’Hexagone dans les pays ex-coloniaux.
Face à l’explosion foudroyante du sentiment antifrançais, demander aux Africains d’oublier l’histoire sanglante de la Françafrique en continuant à privilégier des liens hégémoniques avec le continent, c’est tout simplement se moquer de la face du monde.