Fracture numérique : Ces publics exclus de la vaccination

 Fracture numérique : Ces publics exclus de la vaccination

(Photo de Xosé Bouzas / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP)

Ce sont les oubliés et le paradoxe de cette période de vaccination. Les personnes vivant la fracture numérique subissent de plein fouet les inégalités pour la vaccination. Le fondateur de WeTechCare, qui favorise l’inclusion numérique, Jean Deydier tire la sonnette d’alarme.

A l’heure de la « start-up nation » aux acronymes anglais, le gouvernement prétend à la facilité de la prise de rendez vous. Une navigation sur le web, des procédures à suivre sur Doctolib et vous voilà avec un rendez-vous à proximité de chez vous.

Ce joli parcours oublie néanmoins plusieurs données importantes. Il faut avoir un ordinateur ou un portable et savoir s’en servir. Et c’est là que le bat blesse. La fracture numérique transforme notre vie au point d’exclure des personnes de la campagne de vaccination.

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1 personne sur 2 de plus de 75 ans n’a pas d’accès à internet

Et les chiffres sont éloquents quand on parle de fracture numérique. Les données montrent bien que les personnes en situation de précarité numérique sont plus touchées par les inégalités.

Ainsi, 53% des personnes âges de plus de 75 ans ne disposent pas d’un accès à internet. Un taux 5 fois plus élevé que le reste de la population (12%). Si l’on rajoute à cela, le fait que 90% manquent d’au moins une compétence numérique de base, on comprend mieux la fracture numérique qui a touché ses populations qui n’ont pu aller se faire vacciner.

Jean Deydier est le fondateur de WeTechCare, qui favorise à alléger la fracture numérique en trouvant des solutions d’inclusion numérique. Pour lui, « Il est urgent de prendre en compte les inégalités sociales et territoriales qui compromettent l’équité de la campagne de vaccination. Parmi ces dernières, la fracture numérique représente un problème de fond s’ajoutant aux inégalités préexistantes. »

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Les victimes de la fracture

Si le critère de l’âge est évidemment important en cette période, où l’on cherche à vacciner les plus âgés, d’autres critères peuvent s’accumuler pour éloigner des populations de la campagne de vaccination. Moins vous êtes diplômés ou moins vous disposez de revenus, plus vous avez de chances de devenir une victime de la fracture numérique.

Ainsi, 4 personnes non diplômées sur 10, n’utilisent jamais internet (contre 14% pour le reste de la population. L’accès au web est plus rare pour les ménages les plus modestes. Ils sont 3 fois plus susceptibles de ne pas l’utiliser que les ménages les plus aisés.

Quand on sait que les plus exposés au virus sont les populations les plus précaires, on comprend cette aggravation due à la fracture numérique. Selon une étude de Médecins Sans Frontières menée entre juin et juillet 2020, les sites de distribution alimentaire, les foyers travailleurs et les centres d’hébergement d’urgence présentaient des taux de positivité supérieurs à 50%.

La positivité a pu atteindre des chiffres allant jusqu’à 88,7% pour les foyers de travailleurs. Les plus touchées : des populations chibanis qui sont du coup en danger.