Fondation Sidi Mchiche El Alami – L’histoire à travers les affiches
Le personnage nous a habitué aux grosses surprises : cette fois-ci, Mustapha Mechiche Alami a choisi de raconter un périple de plusieurs décennies en déroulant ce récit en affiches. L’originalité de la démarche du président de la Fondation Sidi Mchiche El Alami consiste à faire un voyage dans le temps pour mettre en lumière les activités de l’institution durant près de trois décennies et ce, à travers le déroulé des affiches qui ont illustré l’annonce ou la présentation de ces faits d’armes nombreux à travers le royaume.
Un corpus de 132 pièces qui ne laisse pas indifférent tellement la confection de ces affiches semble avoir été l’objet d’un soin particulier, véritables tableaux qui figent un évènement, un personnage ou une activité précise, avec un souci de détail remarquable.
Pour une histoire rapprochée du Maroc sous toutes ses facettes : les soirées de samaa soufies, des faits d’armes méconnus tels que la manifestation contre l’occupant français le 27 oct 1937 à Kénitra, la guerre de Tétouan de 1859 à 1860 ou encore l’exposition numismatique islamique qui avait eu lieu du 9 au 27 nov 2005.
Le plus intéressant sans doute, c’est le référentiel auquel se greffe cette galerie d’affiches, un processus long de dizaines d’années pour faire découvrir les différentes facettes de ce royaume merveilleux, sauvegarder la mémoire historique de cette nation millénaire et susciter chez les générations futures l’amour du pays, au moment où d’autres s’appliquent à dénigrer tout ce qui est marocain.
L’homme d’affaires qui a bien réussi dans de nombreux secteurs économiques a une passion majeure : l’Histoire du pays à laquelle se greffe l’histoire de sa ville natale Kénitra (dont les habitants lui avait d’ailleurs donné leurs voix pour représenter la région au Parlement) et une constance dans son acharnement à faire renaître l’esprit de l’Andalousie, à travers un engagement à faire le tour du monde, pour rassembler le maximum de preuves tangibles de la grandeur de cette civilisation.
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Pour aller plus loin dans la transmission de cet héritage précieux, il a consacré une partie de sa fortune à commander des tableaux de peinture réalisés par de célèbres peintres marocains et étrangers qui ont immortalisé l’héritage de plusieurs époques historiques. Aussi célèbres que connus au Maroc et à l’extérieur du pays, tels que Ahmed Ben Yessef, ou encore les Italiens Milly Corica et Leanardo Caposiena. Le clou du spectacle consistant justement en cette exposition itinérante qui avait marqué les esprits tant les tableaux sont saisissant de réalisme.
La ville de Kenitra peut s’enorgueillir ainsi d’un tableau magnifique relatant la célébration de la première Fête du Trône au Fondouk Sidi M’chich Alami en 1934, des activités du port commercial de Kenitra de 1912 jusqu’à 1935, l’image du plus grand hydravion qui bat un record mondial en 1937, des scènes de la résistance marocaine contre l’occupation française, ou encore l’image des Chemins de fer visités par le Sultan Moulay Youssef en 1920.
D’une manière générale, l’étude de près de chaque pièce permettrait sans aucun doute à un spécialiste d’assimiler ces affiches aux règles régissant les beaux-arts. Plus particulièrement, l’affiche profite, pour sa légitimation culturelle, de son association à la modernité, en tant qu’art jeune, original et qui reprend les tendances les plus contemporaines de la peinture.
De toute évidence, cette galerie d’affiches pour sa valorisation aurait bien sa place dans un réseau des collectionneurs, si tant est qu’on aurait des critiques de l’affiche capables de conférer les valeurs artistiques (et pourquoi pas économiques) de ce genre particulier.
La simplicité de réalisation de ces pièces ne devrait pas occulter leur valeur pédagogique d’autant plus que certains créateurs d’affiches, utilisent les procédés de la peinture d’histoire qui assure au final une grande lisibilité.
Pour résumer ce travail colossal, l’intéressé, qui a un amour sans faille pour l’histoire du Maroc en général et celle du Gharb en particulier et pour qui Kenitra et sa mémoire occupent une place importante affirme que « tout ce qui mène à immortaliser la mémoire de cette région est bon à prendre, que ce soit des ouvrages, des expositions de photos, des toiles de maître et si cette galerie d’affiches permet de clarifier cette démarche, c’est tant mieux ».
Le président de la Fondation, le Dr Mustapha Mechiche Alami, rappelle que « ce genre de travaux nécessite des années de travail acharné entre la collecte de documents nécessaires et fiables, la rencontre avec les spécialistes, les concertations avec les artistes, la visite de lieux emblématiques, un travail qui exige beaucoup de perfection, car n’oublions pas qu’il s’agit de l’histoire de notre pays ».