Fin de mission pour Donald Blome, ambassadeur des Etats-Unis à Tunis

 Fin de mission pour Donald Blome, ambassadeur des Etats-Unis à Tunis

Donald Blome reçu au Palais de Carthage le 14 octobre 2021

Manifestement en pleine reconfiguration, les relations entre les USA et la Tunisie viennent de connaître un nouveau développement aujourd’hui mercredi, avec le départ annoncé de Donald Blome, proposé comme ambassadeur auprès de la République islamique du Pakistan. Le timing ainsi que la non désignation d’emblée d’un successeur à ce poste à Tunis n’est pas sans alimenter quelques spéculations.

Arabophone comme son prédécesseur, Donald Armin Blome était en poste depuis janvier 2019, soit 2 ans et 10 mois. C’est relativement peu, comparé notamment à Daniel Rubinstein, en poste aux Berges du Lac de Tunis entre 2015 et 2019. Mais ce sont les modalités de ce départ davantage que la durée de la mission de Blome qui interpellent quelques observateurs de la scène diplomatique.

Dans le cas de la précédente passation, la désignation de Donald Blome, validée par le Sénat US le 2 janvier 2019, avait était rendue publique par Donald Trump dès août 2018, soit près de 4 mois avant le départ de Rubenstein. Cette fois, le président Biden promeut Donald Blome ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire au poste hautement stratégique qu’est le Pakistan, sans que l’on connaisse l’identité de son successeur.

Même s’ils vont peut-être vite en besogne, certains commentateurs interprètent aussitôt cet épisode de la vacance de poste comme synonyme d’une rupture consommée entre Washington et Carthage. Difficile en effet de ne pas établir un lien de causalité ne serait-ce que partiel, entre ce départ inattendu et la récente convocation de Donald Blome le 14 octobre dernier par le président Kais Saïed à Carthage. Un geste tapageur qui n’est sans doute pas passé inaperçu.

Saïed comptait ainsi anticiper une séance de débats du Congrès US en exprimant son mécontentement au diplomate de voir la Tunisie à l’ordre du jour des travaux de la Chambre des représentants. Mais plusieurs voix, à l’image du diplomate américain de carrière Gordon Gray, ont fait observer que cette convocation est elle-même révélatrice de la doctrine du président Saïed « qui ne conçoit visiblement pas la séparation des pouvoirs ».

Au final, ce type de protestation, qui reste généralement le propre des rapports entre grandes puissances, fut perçue par certains cercles états-uniens comme un affront.

Probable hasard du calendrier, le State Department des Etats-Unis a mis à jour ses recommendations aux ressortissants américains, en ce même mercredi 20 octobre, les invitant à éviter de se rendre dans plusieurs gouvernorats en Tunisie pour cause de « risques accrus de terrorisme ».

Les prochaines semaines révèleront si les Etats-Unis de Joe Biden entendent « abaisser le niveau de leur représentation diplomatique » si ce poste venait à rester vacant. Une situation qui acterait un début d’isolement du pays en attendant que s’y précise la feuille de route du nouveau régime présidentiel.

Le 4 octobre dernier, le président Saïed avait remis ses lettres de créances à Hanen Tajouri Bessassi, nouvelle ambassadrice extraordinaire et plénipotentiaire de la Tunisie aux Etats-Unis, en remplacement de Nejmeddine Lakhal, démis de ses fonctions par la présidence.