Fihariana : Bank Of Africa soutient des entreprises malgaches
Ancien entrepreneur, l’actuel président de Madagascar, Andry Rajoelina souhaite faire du secteur privé le fer de lance de l’activité économique malgache. Depuis 5 ans, il a mis en place Fihariana, fonds d’aide, de garantie et d’accompagnement pour les entreprises. Et c’est la banque marocaine, Bank Of Africa (BMCE Group) qui accorde les prêts avec un taux à un chiffre.
Si la Grande Ile bénéficie de potentialités importantes dans le secteur minier ou agricole, le pays peinait depuis de nombreuses années à avoir un tissu d’entreprises suffisamment dense pour soutenir son économie. Dans son Programme pour l’Emergence de Madagascar, le Président de la République Malgache, Andry Rajoelina a souhaité les soutenir.
Il a mis en place le fonds d’appui au secteur privé, Fihariana. Doté d’un budget de 33 millions d’euros, Fihariana a accueilli près de 110 000 dossiers. 26 000 d’entre eux ont reçu une réponse positive. « Les entrepreneurs n’étaient pas au même niveau, indique Valérie Zafindravaka, la secrétaire exécutive du programme. Bien sûr, l’Etat n’a pas vocation à se substituer aux banques mais nous devions permettre de garantir les prêts. Nous avons négocié avec plusieurs banques. Elles pratiquaient des taux à deux chiffres. Avec le soutien de la BEI, la banque marocaine, Bank Of Africa (BMCE Group) a accepté de jouer le jeu en baissant son taux à un chiffre. Il se situe entre 5 et 9% et est accompagné d’un différé de 6 mois. Pour un agriculteur, c’est important car il peut payer quand il récolte par exemple. »
Le programme Fihariana s’adresse aux entrepreneurs malgaches mais aussi à ceux qui s’installent à Madagascar pour produire sur place. La parité est quasiment respectée (53% d’hommes et 47% de femmes). Autre impact fort : le passage de plusieurs sociétés du secteur informel au formel, engrangeant, par là même, des ressources fiscales et sociales pour l’Etat. « Le programme est présent dans 110 districts sur 119, rajoute Valérie Zafindravaka. Il a même fallu aller voir des entrepreneurs en pirogue. Nous ne voulions pas laisser passer des opportunités de croissance dans tout le pays »
En facilitant l’accès au financement et le soutien aux jeunes, les projets mis en place entendent répondre à 4 Velirano (souhaits, ndlr) du PEM : autosuffisance alimentaire, industrialisation de Madagascar, emploi décent pour tous, accès pour les femmes et les jeunes pour l’avenir.
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Une idée qui démarre à 2 et emploie dorénavant 70 personnes
Parmi les projets soutenus, on retrouve ainsi des jeunes agriculteurs de la région d’Antsirabe. Ils bénéficient d’une mesure originale : le titre vert. En effet, l’Etat leur octroie, sur son domaine foncier, une parcelle d’un hectare et une vache importée pour effectuer de la production laitière. En effet, les vaches de l’ile ne produisent que 2 à 3 litres par jour contre 25 pour les Holstein. Madagascar a ainsi importé des vaches pour permettre de générer une nouvelle race. Actuellement, elles produisent près de 15 litres. « J’ai eu la vocation par ma mère mais je n’étais pas destiné à travailler dans ce domaine, nous indique un jeune agriculteur. La mise en place de Fihariana m’a permis d’apprendre le métier, de me former. Depuis, avec les autres paysans, nous collaborons ensemble pour tout ce qui est de la traite. Ca crée un formidable élan de solidarité. »
De son coté, Jade Lorna est une jeune femme qui possède un don certain pour l’artisanat. Elle travaille notamment le raphia (fibre textile utilisé pour les tissages, ndlr). Avec sa cousine mal entendante, elle se lance dans le commerce de sacs. En manque de financement pour aller plus loin, le programme lui a permis de recruter 25 femmes pour produire ses collections. Grâce à Fihariana, sa société s’est structurée au point qu’elle embauche actuellement 70 personnes. Et Jade ne produit pas que pour le marché national. Elle exporte dorénavant une partie de sa production vers le Japon.
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Du miel d’eucalyptus et même de lychee
Joyau de la biodiversité mondiale, la Grande Ile possède aussi près de 80% de plantes endémiques du monde dont une grande variété de fleurs. Après des années passées dans l’humanitaire (Irak, Sud Soudan, RDC, etc..), Gaël Hankenne a choisi de se lancer dans l’apiculture.
Dans le catalogue de la Compagnie du Miel, on trouve parmi ses miels des productions étonnantes comme celle au Lychee par exemple. « Nous voulions que ce projet soit rentable et bénéficie à tous, nous indique Gaël Hankenne. C’est pour cela que nous rémunérons correctement nos producteurs. Le miel souffre hélas de la concurrence déloyale de faux produits souvent en provenance de Chine. Nous récoltons du miel sur toute l’ile. On le conditionne ensuite dans notre société d’Antananarivo. Nous pouvons ensuite l’exporter vers l’étranger. » Les miels sont ainsi vendus dans plusieurs pays européens et on peut le retrouver dans des grandes enseignes parisiennes comme les galeries Lafayette ou le Bon Marché à Paris.
Enfin, le programme Fihariana permet aussi de soutenir les chaînes de valeur. Grande productrice de vanille, Madagascar dispose aussi d’une fédération structurée. S’appuyant sur cette ensemble, la société Sahanala a décidé de valoriser les activités agricoles des communautés locales dans 3 autres fédérations. » Nos actionnaires sont des agriculteurs, indique Tsilavina Reboza. De ce fait, nous avons un fort impact social. Nous renforçons les capacités de nos membres. On les professionnalise et les intègre ensuite dans une fédération capable de rivaliser sur les marchés mondiaux. »
Avec ses financements de la BOA, son réseau étendu dans toute l’ile et son impact de formation et d’accompagnement, Fihariana est une vraie réussite qui a déjà permis de créer des dizaines de milliers d’emplois.