Festival de Fès de la culture soufie : invitation au voyage

 Festival de Fès de la culture soufie : invitation au voyage

Des membres de la confrérie marocaine Qadiriya Boutchichiya interprètent des chants religieux et des poèmes lors d’une session « samaa » au Festival de la culture soufie dans la ville de Fès, au nord du Maroc. AMMAR ABD RABBO / AFP / 2008.

Le Festival de Fès de la culture soufie nous revient cette année avec une programmation particulièrement riche même si elle aura lieu comme la précédente, sous une forme essentiellement digitale et ce, du 9 au 16 octobre 2021.

 

Comme il n’était pas question d’abandonner ce rendez-vous fassi incontournable et pour cette 14ème, Faouzi Skali, son président explique l’attachement à ce rassemblement des « amoureux » : « il nous a semblé que quelles que soient les difficultés auxquelles nous pourrions être confrontés, ce voyage du sens et de la découverte des trésors du patrimoine soufi dans ses différentes expressions culturelles doit se poursuivre ».

Le thème choisi « Voyage sur les Hauts lieux du Soufisme » offre une plongée dans les maqamats soufis issus d’un riche répertoire qui va de l’Inde à Al Andalous en passant par ces pôles de lumière disséminés dans l’Asie Centrale, sans oublier les artistes du Maroc.

Et si ce pays est le royaume aux mille saints, Fès en est la Mecque. Ce qui fait de la capitale spirituelle un rendez-vous incontournable dans la programmation du festival avec une découverte du riche patrimoine de cette ville.

Par ailleurs des concerts, des tables rondes et des expositions artistiques permettront aux passionnés de spiritualité comme aux profanes de ne pas « bronzer idiot », selon la formule consacrée, avant d’avoir des éclairages intéressants sur l’actualité du monde et sur les thèmes qui traversent toutes les sociétés.

On peut citer à cet effet la table ronde sur les possibilités d’adapter la riche littérature spirituelle à des publics jeunes. Un débat animé par de grands noms du samaa et de la littérature spirituelle, comme Carole Latifa Ameer qui est en même temps directrice artistique de la programmation du festival, ou encore Frederico Isshaq Dainin Joko.

Il faut rappeler que les initiateurs du festival ont eu tout le temps de mijoter un programme aussi alléchant, car ils avaient lancé au début de l’année 2021 la plateforme digitale « Sufi Héritage ». Sa mission consiste à préserver la culture soufie, mais en même temps à la faire vivre à travers des enseignements de haut niveau d’une façon continue.

Aussi, la plate-forme constitue non seulement un espace de vie culturel et spirituel mais aussi un incubateur de sagesse pour les générations à venir ainsi qu’un moyen de préservation des œuvres et patrimoines soufis à travers une grande variété de supports, de la vidéo aux collections rares de manuscrits digitalisés.

Durant cette année, il avait été ainsi proposé des master class sur les arts et métiers traditionnels de la culture soufie, avec l’intervention de spécialistes de divers aspects de la culture, à l’instar de Kudsi Ergüner, Françoise Atlan, Jean During, Denis Gril ou encore l’incontournable Faouzi Skali… Chacun des conférenciers avait abordé des thèmes propres à ses domaines de recherche et d’enseignement.

Cette alchimie intime et ésotérique témoigne d’une conception du monde plus que jamais fondée sur la beauté du monde, celle des liens du terrestre avec le ciel, sur la distinction entre ce qui relève de César et ce qui appartient à Dieu. Assumant ainsi une invitation au voyage qui se bonifie au fil des ans.