Faible taux d’engagement des Tunisiens sur la nouvelle plateforme des chèques bancaires

Environ cent mille chèques ont été traités via l’application dédiée aux paiements par chèque bancaire “Tunichèque” depuis son lancement concomitamment avec la nouvelle loi, d’après une source à la Banque centrale de Tunisie (BCT). Cela se traduit par une impressionnante baisse de 94% de l’usage des chèques. Explications.
Seuls 135 179 comptes ont en outre été ouverts sur cette plateforme depuis son entrée en vigueur le 2 février 2025. Les demandes de renseignements recueillies par la plateforme et le centre d’appels dédié (31 380 671) s’élèvent quant à elles à 1 511 requêtes, signe que la complexité à l’usage est encore manifeste.
Désintérêt progressif
Une fois passée la curiosité suscitée par les premières semaines d’exploitation, un responsable à la BCT a fait état d’un ralentissement en matière d’ouverture des comptes sur cette plateforme depuis le début du mois de Ramadan, affirmant que 104 mille comptes ont été ouverts au cours des deux premières semaines de mise en activité de la plateforme. En revanche le rythme de traitement des chèques s’est accéléré passant de 20 mille chèques au cours des deux premières semaines à 94 333 actuellement.
Les demandes de renseignements ont, aussi, ralenti passant de 1 080 demandes au cours des deux premières semaines à 1 511 actuellement, ce qui reflète « une meilleure compréhension du fonctionnement de la plateforme de la part des citoyens, outre le fait que les difficultés techniques ayant surgi au cours des premiers jours de sa mise en exploitation ont été surmontées ».
La même source a appelé les commerçants à adhérer à cette plateforme et à l’utiliser automatiquement pour le traitement de leurs chèques pour éviter toutes sortes de problèmes liés aux chèques. Elle a considéré que les citoyens ont commencé à assimiler les objectifs derrière le lancement de cette plateforme (amélioration de la transparence, diminution des risques liés aux transactions commerciales), les appelant à utiliser, aussi, les autres moyens de paiement disponibles (paiement par carte, paiement mobile…) pour une meilleure fluidité des transactions commerciales.
4.7% des Tunisiens uniquement
Aux dernières données en date actualisées par la BCT et publiés en fin de la semaine dernière, seuls 4,7 % des Tunisiens disposant d’un compte bancaire permettant en théorie l’obtention d’un chéquier ont adhéré à ladite nouvelle plateforme de chèques.
Ce faible pourcentage, qui reflète le nombre de comptes ouverts sur la plateforme, 135.179, divisés par le nombre de comptes chèques, estimé à 2,9 millions (selon les derniers indicateurs de la Banque mondiale), demeure très faible, compte tenu de l’importance de l’adoption de cette plateforme en tant que pierre angulaire du nouveau système de traitement des chèques du pays, selon les analystes financiers.
A cet égard, une source officielle de la Banque centrale de Tunisie a récemment déclaré que le rythme d’ouverture des comptes sur la plateforme restait relativement lent au début du mois de ramadan, précisant que le nombre de chèques aux provisions bloquées via l’application a augmenté de manière significative.
Elle a également souligné que le nombre de demandes de renseignements reçues sur la plateforme connaît un rythme lent, expliquant la situation par le fait que l’on commence pas à pas à comprendre le travail de la plateforme et son objectif, ainsi qu’à surmonter les défis techniques qui se sont posés au cours de sa mise en place.
Baisse de 94% de la circulation des chèques
Les données récentes BCT démontrent par ailleurs une baisse de 94% de la circulation des chèques depuis le lancement de la plateforme Tunichèque… « Autant dire une extinction des chèques au profit des opérations en espèces, un comble ! », commente un internaute sur X à propos de l’aspect contre-productif de cette réforme à ce jour.
Dans une déclaration aux médias, le président du Conseil bancaire et financier, Naji Ghandari, a rappelé que tant la Banque centrale que les banques ainsi que toutes les entreprises et les parties prenantes sont du reste « mobilisées pour surmonter les difficultés que les clients pourraient rencontrer dans la première phase de l’entrée en vigueur de la plateforme ». Les banques auraient ainsi pris toutes sortes de dispositions pour assurer le bon fonctionnement de la plateforme, en fournissant la protection nécessaire et en formant le personnel des agences conformément aux changements requis par le récent amendement du Code du commerce.
En attendant, de nombreux usagers continuent de déplorer l’inertie et le retard pris par leurs banques respectives s’agissant d’associer leur RIB à la plateforme. Quant à ceux qui n’ont pas de chéquier, ils se verront potentiellement proposer des solutions alternatives telles que les cartes de crédit, le paiement différé ou encore le paiement en ligne. Globalement, cet effort de transition vers la digitalisation pourrait coûter jusque 1 point de croissance à l’économie tunisienne du fait de son impact sur le déclin de la consommation en l’absence de solutions alternatives aux facilités de paiement.