Des PDG américains plus opportunistes que complotistes

 Des PDG américains plus opportunistes que complotistes


Très partagée sur instagram et Facebook, une information fait peur : 19 présidents de grandes sociétés américaines auraient démissionné alors que les gens "sont occupés par les informations du COVID-19" ! Après une vérification, l'agence britannique d'information financière, Reuters indique qu'au final, seulement 10 présidents ont démissionné. L'un des meilleurs traders de la place de Paris et fondateur de Krechendo trading, Tarek Elmahri, parle de stratégies d'opportunités capitalistiques de ces patrons qui n'atteindront pas leurs objectifs.


Disney, Microsoft, Hulu, Linkedin, IBM, Uber Eats, Ebay, Salesforce/vlocity, MGM, Nestlé, Volkswagen, Mastercard, Nissan, Victoria's Secret, T-Mobile, Harley Davidson, Wework, Juul, Tinder…


L'information qui circule sur le net annonce la démission de 19 patrons de ses sociétés mondiales. De quoi effrayer en ces temps de pandémie ! Cette fausse nouvelle (fake news) instille l'idée collapsologue selon laquelle l'économie mondiale serait en train de s'effondrer pendant que les gens "sont distraits par les informations liées au Covid 19".


En premier lieu, il convient de reprendre la liste, telle que l'a fait l'agence de presse britannique, Reuters, spécialisée notamment en information boursière et économique. Au final, ce ne sont pas 19 dirigeants mais 10 qui ont démissionné depuis le début de la crise.


5 d'entre eux avaient annoncé leurs démissions avant que n'apparaissent le coronavirus : 3 mois avant pour les patrons de Wework, Juul, Ebay et Nissan, un mois avant pour celui de T-Mobile. La liste comprend aussi 3 erreurs sur le démissionnaire. Ainsi, les patrons d'Uber, Volkswagen et de Nestlé n'ont pas quitté leurs postes. Ce sont des directeurs de division qui l'ont fait. Enfin, Microsoft est toujours dirigé par Satya Nadella. La fack news souhaite faire croire que la décision de Bill Gates, qui a annoncé, le 13 mars 2020, son retrait total de la compagnie pour se consacrer à sa fondation est une démission. 


Il n'en demeure pas moins que 10 grands patrons de grandes sociétés qui démissionnent en même temps, le tout en temps de crise sanitaire mondiale, cela a de quoi donner des frissons dans le dos !


L'un des meilleurs traders de la place de Paris, formateur en trading et fondateur de Krechendo Trading, Tarek ElMahri parle plus de hasard que de complot organisé. "C'est souvent lié à des bonus. Tous les CEO ont une prime indexée au prix de l'action. Si le patron voit qu'il ne pourra pas atteindre le cours de l'action de 5 à 6 euros de l'objectif qu'on lui a fixé dans son mandat, il préfère démissionner. Avec la chute des cours de 50%, ils savaient qu'ils n'auraient pas leurs primes. Il faudra 3 à 4 ans pour réussir la nouvelle "target". Ils préfèrent partir et aller dans une nouvelle société où l'on va leur fixer un objectif avec le prix d'une action plus basse. C'est surement l'un des motifs de départ"."


En ce qui concerne les conséquences d'une telle information sur l'économie, le fondateur de Krechendo Trading est catégorique. "Il ne faut pas se leurrer. On parle de grandes sociétés américaines. On prend Pierre et on vire Jack, c'est la même chose. Ce sont des multinationales qui n'ont pas qu'un seul client. On l'a déjà vu avec Apple ou Microsoft par le passé. Même quand les grands dirigeants ou les fondateurs partent, les sociétés continuent de tourner sans problèmes.


Au niveau des tendances des marchés boursiers, Tarek Elmahri affirme que l'on a eu "la plus grosse correction depuis 100 ans. Il pourra y avoir encore une baisse avec le pic de la pandémie aux Etats-Unis. Toutefois, les banques centrales ont injecté tellement d'argent que ça va se stabiliser au fur et à mesure. D'ailleurs, les marchés remontent en flèche en ce moment. Les marchés ont repris 25% depuis leur taux le plus bas. Sur le marché européen, c'es de l'ordre de 20%. De plus, on parle d'un deuxième plan de relance aux Etats-Unis. Ils ont voté 2000 milliards de dollars vendredi dernier et ils prévoient 600 milliards supplémentaires. En Europe, on prévoit aussi un plan de relance qui est bloqué par l'Italie en ce moment. Tout l'argent mobilisé va revenir sur les marchés."


 


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