Extorsion, arrestations : les réfugiés Rohingyas dénoncent les abus de la police au Bangladesh

 Extorsion, arrestations : les réfugiés Rohingyas dénoncent les abus de la police au Bangladesh

Le nettoyage ethnique des musulmans rohingyas « se poursuit » en Birmanie

Le calvaire des Rohingyas, minorité musulmane chassée du Myanmar, se poursuit au-delà des frontières de leur pays. Selon Human Rights Watch, une unité de police du Bangladesh extorque, harcèle et arrête arbitrairement des réfugiés rohingyas sous sa protection.

Le bataillon de police armée en cause opère dans des camps accueillant près d’un million de Rohyngas. La plupart des membres de cette minorité apatride ont fui le Myanmar voisin après une répression militaire qui fait maintenant l’objet d’une enquête de l’ONU pour génocide.

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Les réfugiés et les travailleurs humanitaires ont dénoncé une détérioration de la sécurité lorsque le bataillon de police a pris en charge la sécurité du camp en 2020. Certains Rohingyas affirment que les abus sont depuis « un phénomène régulier ». « Les abus commis par la police dans les camps de Cox’s Bazar dégradent les conditions de vie des réfugiés rohingyas qu’elle est censée protéger », a déclaré la chercheuse de Human Rights Watch (article en englais), Shayna Bauchner.

Le groupe de défense des droits a déclaré avoir parlé à des dizaines de réfugiés rohingyas vivant dans le ce réseau de camps tentaculaire et surpeuplé. Il a ainsi documenté au moins 16 cas d’abus graves par des agents de police. Ces derniers exigent de lourds pots-de-vin à des réfugiés qu’elle menace d’arrestation, selon le rapport de HRW. Des familles doivent souvent vendre des bijoux en or ou emprunter de l’argent pour libérer des parents injustement détenus.

 

Extorsions et arrestations arbitraires

Mme Bauchner a appelé les autorités à enquêter sur ces accusations et à demander des comptes aux agents responsables. Le commandant du bataillon Syed Harunor Rashid dénonce pour sa part un rapport « douteux ». « Les criminels leur disent de faux faits et (Human Rights Watch) les dénoncent. « C’est comme rassurer les criminels », assure-t-il.

La police reconnaît toutefois que la violence est a connu une forte croissance dans les camps, qui abritent selon elle des groupes armés et servent de relais aux réseaux régionaux de trafic de drogue. Au moins 20 réfugiés, y compris de hauts dirigeants communautaires, ont été assassinés par des groupes armés l’année dernière dans le cadre d’une guerre de territoire.

Plusieurs réfugiés rohingyas ont déclaré que les abus de la police étaient « endémiques ». « Il y a quelques jours, je retournais au camp avec le rapport médical de mon frère à l’hôpital. Les agents du BPA m’ont arrêté au poste de contrôle, m’ont interrogé et m’ont giflé », a déclaré Ali Jaker, 20 ans. « Puis ils ont pris mon téléphone portable. Ils ont menacé de prendre des mesures contre moi si je racontais l’histoire à quelqu’un », a-t-il ajouté.

 

Washington dénonce le « génocide » des Rohingyas

Les Rohingyas ont fui le Myanmar, notamment lors de la campagne de nettoyage ethnique en cours depuis 2016. Influencés par un fort nationalisme bouddhiste, une majorité des Birmans les considèrent comme des étrangers et les voient comme une menace à la prédominance bouddhiste du pays.

L’ONU a à plusieurs reprises dénoncé un « nettoyage ethnique » et les campagnes de « terreur et de famine organisée » destinées à les faire fuir vers le Bangladesh.

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En 2022, Washington a affirmé détenir des preuves d’une volonté de « détruire » cette minorité musulmane. « J’ai établi que des membres de l’armée birmane ont commis un génocide et des crimes contre l’humanité contre les Rohingyas en 2016 et 2017 », a déclaré Antony Blinken, « les intentions de l’armée allaient au-delà du nettoyage ethnique, jusqu’à une véritable destruction de cette minorité ».