Expulsion polémique de ressortissants Tunisiens depuis l’Allemagne

Un vol de rapatriement forcé de migrants tunisiens, organisé depuis l’Allemagne, a été effectué en toute discrétion ce mercredi 19 février 2025, mais n’a pas échappé aux watchdogs associatifs qui signalent ce type d’exécution d’expulsions collectives controversées.
Ainsi selon l’organisation de vigilance « Deportation Alarm », organe du mouvement « Noborder Assembly », le vol a décollé aujourd’hui à midi depuis l’aéroport de Leipzig/Halle et se serait posé à l’aéroport d’Enfidha vers 14h30. Le nombre exact des passagers n’a cependant pas été mentionné.
Le porte-parole du Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES), Romdhane Ben Amor, a rappelé à ce titre sur ses réseaux sociaux que le rapatriement forcé collectif est contraire aux conventions internationales.
Le responsable associatif a par ailleurs précisé que la Tunisie collabore avec des pays européens tels que l’Allemagne, l’Italie et la France pour organiser ces rapatriements, sous escorte sécuritaire, dans le cadre d’accords bilatéraux dont les termes restent flous. Ces accords incluent des aides dont la nature et la destination restent inconnues, déplore-t-il.
Enjeux électoraux en Allemagne
Ben Amor s’est également indigné du fait que les migrants rapatriés de force n’aient pas accès à un accompagnement juridique suffisant de sorte d’être en mesure de contester ces décisions, et que certains d’entre eux aient passé plusieurs années dans leur pays d’accueil et y étaient installés avec leurs familles respectives et souvent des enfants à charge. Il a insisté sur l’absence de programmes concrets pour leur réintégration en Tunisie, ainsi que sur le manque de suivi psychologique pour ces rapatriés, parfois accablés par un profond découragement une fois de retour à la case départ du pays d’origine.
Soutenue de façon affichée notamment par Elon Musk, l’extrême droite allemande, incarnée principalement par l’Alternative für Deutschland (Alternative pour l’Allemagne), AFD, gagne du terrain ces derniers mois au moment où les partis de centre-droit moins portés sur les questions migratoires, peinent à capter les votes protestataires, a indiqué un expert en sondages à l’approche des élections de dimanche prochain 23 février 2025.
De nombreux Allemands étant mécontents de l’effondrement de la coalition tripartite du chancelier Olaf Scholz, ce dernier tout comme que les principaux partis d’opposition, les chrétiens-démocrates (CDU/CSU), tentent de ne pas laisser le terrain du débat sur la migration clandestine à l’AFD.
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