L’Europe refuse de financer la construction « de barbelés et de murs » aux frontières

 L’Europe refuse de financer la construction « de barbelés et de murs » aux frontières

La présidente de la Commission Ursula von der Leyen, présentant le programme de réforme de la politique migratoire de l’Union européenne, le 23 septembre 2020. STEPHANIE LECOCQ / POOL / AFP

L’Union européenne ne financera pas « de barbelés et de murs » aux frontières pour empêcher les arrivées de migrants. La présidente de la Commission européenne a donné vendredi une fin de non-recevoir à la demande de douze pays en ce sens.

« J’ai été très claire sur le fait qu’il y a une position commune de longue date de la Commission et du Parlement européen », a commencé Ursula von der Leyen. Ajoutant qu’il « n’y aura pas de financement de barbelés et de murs » aux frontières par l’Europe. La cheffe de l’exécutif européen s’exprimait vendredi à l’issue d’un sommet des 27 à Bruxelles qui a porté notamment sur cette question.

La Lituanie construit une clôture barbelée le long de sa frontière avec le Bélarus. Elle souhaite ainsi endiguer un afflux de migrants que le régime d’Alexandre Loukachenko est accusé d’orchestrer. Le président lituanien Gitanas Nauseda a déclaré vendredi à Bruxelles que de telles mesures étaient « des plus nécessaires à court terme pour gérer cette crise ».

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« Si la Lituanie construit une barrière (…) elle devrait pouvoir compter sur notre solidarité. Ce n’est pas aux contribuables lituaniens de financer cela seuls », a estimé le nouveau chancelier autrichien Alexander Schallenberg.

 

Demande commune à 12 pays

Les ministres de l’Intérieur de 12 pays (Autriche, Bulgarie, Chypre, Danemark, Estonie, Grèce, Hongrie, Lituanie, Lettonie, Pologne et République tchèque, Slovaquie) avaient écrit le 7 octobre à la Commission pour demander à l’UE de financer la construction de telles clôtures.

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« Une barrière physique apparaît comme une mesure de protection des frontières efficace », faisaient-ils valoir. La barrière « sert les intérêts de l’ensemble de l’UE, pas seulement les États membres en première ligne », selon eux.

La commissaire aux Affaires intérieures Ylva Johansson avait alors répondu que les pays avaient « la possibilité et le droit de construire des clôtures ». Mais, « quant à savoir si on devrait utiliser les fonds européens qui sont limités, pour financer la construction de clôtures à la place d’autres choses tout aussi importantes, c’est une autre question », s’était-elle contentée d’indiquer.

 

Toujours plus de murs aux frontières de l’Europe

La Pologne a, comme la Lituanie, commencé à construire une clôture de barbelés sur une partie de sa frontière avec le Bélarus. La Hongrie avait quant à elle érigé ce type de barrière à la frontière avec la Serbie et la Croatie (pays membre de l’UE, mais qui n’est pas dans Schengen) lors de la crise migratoire de 2015. La Slovénie a fait de même avec la Croatie.

Au-delà de la crise bélarusse, c’est aussi à l’Afghanistan et à la menace d’une nouvelle vague migratoire agitée par certains politiques de droite et d’extrême droite que pensent les dirigeants européens. Sans compter les millions de personnes qui se trouvent aujourd’hui en Turquie en vertu d’un accord qu’Ankara menace régulièrement de dénoncer.