Migration : l’UE veut durcir ses règles d’accueil, la solidarité européenne mise à l’épreuve

 Migration : l’UE veut durcir ses règles d’accueil, la solidarité européenne mise à l’épreuve

Une majorité d’États membres sont hostiles à une répartition de l’accueil des réfugiés arrivés principalement en Italie


Enregistrement, identification, sélection, renvoi : les dirigeants de l'Union européenne, réunis en sommet jeudi à Bruxelles, vont durcir les conditions d'accueil des migrants à leur arrivée dans l'UE pour tenter de désamorcer une crise qui met en danger la libre circulation dans l'espace Schengen. L’Union tente ainsi de dissuader les migrants fuyant guerres et misères de trouver refuge sur son territoire.


 


Après l’Europe, au tour des États de se barricader


« Nous devons trouver un consensus sur un mécanisme dans lequel chacun apporte sa contribution pour prêter assistance aux pays en première ligne face à l'afflux de migrants », a expliqué mercredi un responsable européen. Plus de 100 000 personnes sont clandestinement entrées dans l'UE depuis le début de l'année par la Méditerranée ou par la Turquie, selon l'agence européenne Frontex.


La Commission européenne veut imposer aux États de se partager la prise en charge de 40 000 demandeurs d'asile originaires de Syrie et d’Érythrée arrivés en Italie et en Grèce depuis le 15 avril, et a proposé à cette fin des critères de répartition. Mais la mesure divise. « L'idée de quotas imposés par Bruxelles ne peut pas marcher. Il n'y a pas et il n'y aura jamais de consensus pour un mécanisme obligatoire », a affirmé mercredi un autre responsable européen, affirmant qu’une majorité de pays sont opposés au principe ou à la méthode de calcul.


 


Dublin III menacé par sa rigidité


« La question est très sensible. Juridiquement, on peut procéder à un vote à la majorité qualifiée, mais ce sera difficile politiquement d'imposer à des pays une mesure qu'ils contestent », avertit un haut responsable européen. D’ailleurs, aucune obligation ne figure dans le projet de conclusions qui sera soumis jeudi aux dirigeants européens. Les chefs d'Etat ou de gouvernement sont seulement appelés à « donner leur accord à la relocalisation sur deux ans de 40 000 personnes arrivées en Italie et en Grèce et ayant besoin d'une protection provisoire ». La répartition sera discutée par les ministres de l'Intérieur les 9 et 10 juillet à Luxembourg. Elle doit être effective à la fin du mois de juillet.


La Hongrie demande comme Rome et Athènes à bénéficier de cette solidarité et a menacé de suspendre l'application d'un règlement sur l'asile pour obtenir gain de cause. « Il est impératif de trouver une réponse européenne, sinon les mesures unilatérales risquent de démanteler le règlement (dit) de Dublin, contesté en Italie et dans d'autres pays, et met en péril Schengen », a averti un haut responsable. Ce règlement impose le traitement des demandes d'asile par le pays d'entrée des migrants.


 


Des centres de tri avant expulsion


Le mécanisme proposé aux dirigeants européens prévoit la création de centres de tri financés par l'UE dans les pays d'arrivée pour enregistrer et identifier les migrants. « Cela va permettre de distinguer ceux qui relèvent de l'asile en Europe de ceux qui relèvent de l'immigration économique irrégulière, et d'organiser le retour des migrants en situation irrégulière », a récemment expliqué le ministre français de l'Intérieur Bernard Cazeneuve.


Une fois qu'il aura été procédé à l'identification, la relocalisation de 40 000 de ces demandeurs d'asile sera possible dans les autres États membres. « Il s'agit d'un mécanisme d'urgence à caractère provisoire et exceptionnel », insiste le projet de conclusions.


Rached Cherif


(Avec AFP)