Migration : création de 100 000 places d’accueil sur fond de raidissement sécuritaire

 Migration : création de 100 000 places d’accueil sur fond de raidissement sécuritaire

Lors d’un mini-sommet


L'Union européenne a annoncé la création de 100 000 places d'accueil pour les réfugiés en Grèce et dans les Balkans afin de juguler une crise migratoire sans précédent, à l'issue d'un mini-sommet réuni dimanche à Bruxelles dans un climat de tension. Une tension alimentée par les chiffres gonflés des entrées dans l’UE, sur lesquels Frontex a été obligée de s’expliquer.


 


100 000 places, dont 50 000 en Grèce


« On ne peut pas laisser les gens livrés à eux-mêmes, dormir dans les champs en 2015 », a expliqué le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, lors d'une conférence de presse avec la chancelière allemande Angela Merkel et le Haut commissaire de l'ONU aux réfugiés, Antonio Guterres."C'est l'une des plus grandes épreuves de l'Union européenne. L'Europe doit justement montrer qu'elle est un continent de valeurs et de solidarité", a plaidé Mme Merkel.


Sur les 100 000 places d'accueil annoncées, la Grèce a accepté de créer, avec l'aide du Haut commissariat pour les réfugiés (HCR), 30 000 places d'accueil d'ici à la fin de l'année. Dans un deuxième temps, 20 000 places seront créées dans des familles d'accueil et des logements en location subventionnés par le HCR. Les 50 000 places restantes seront installées le long de la route des Balkans en coordination avec l'ONU.


M. Juncker avait convoqué en urgence cette réunion pour décider d'« une plus grande coopération et d'actions opérationnelles immédiates » sur la route « dramatique » des Balkans occidentaux. Etaient venus à Bruxelles les chefs d'Etat ou de gouvernement de dix Etats membres (Allemagne, Autriche, Bulgarie, Croatie, Grèce, Hongrie, Luxembourg, Pays-Bas, Roumanie et Slovénie) mais aussi de trois pays n'appartenant pas à l'Union: Albanie, Macédoine et Serbie.


 


L’Europe relance sa guerre « contre un ennemi qu'elle s'invente »


« Si nous ne prenons pas d'actions immédiates et concrètes sur le terrain dans les jours et semaines à venir, je pense que l'UE tout entière va commencer à s'effondrer », a averti gravement le Premier ministre slovène Miro Cerar, dont le petit pays a vu transiter plus de 60 000 migrants en dix jours. « Si nous échouons, les forces nationalistes de droite auront beau jeu de dire que l'Europe a échoué », a renchéri le chancelier autrichien Werner Faymann. L’extrême droite dans plusieurs pays n’hésite d’ailleurs pas à utiliser les chiffres record établis par Frontex pour brandir la menace d’une invasion de l’Europe. Des chiffres exagérés, a admis l’agence européenne de surveillance des frontières qui a dû s’expliquer sur ses données.


Malgré cet aveu, la réponse sécuritaire continue de se mettre en place. Les pays participants à la réunion ont tenu un discours de fermeté et pris l’engagement de « restaurer l'ordre » aux frontières de l'Union européenne et « ralentir le flux incontrôlé de personnes » en envoyant notamment 400 policiers aider les autorités slovènes. Une rhétorique guerrière dénoncée par les associations de défense des droits des migrants qui dénoncent depuis de nombreux mois la guerre menée par l’Europe contre « ennemi qu'elle s'invente ».


Rached Cherif