La question migratoire de nouveau sur le devant de la scène européenne
L'Union européenne se penche à nouveau jeudi sur la crise migratoire à Luxembourg avec des représentants des pays limitrophes de la Syrie dévastée par la guerre, au lendemain d'un appel franco-allemand à changer la politique d'asile sur le continent. La veille, François Hollande a été largement applaudi par les eurodéputés après sa passe d’armes avec Marine Le Pen.
La plus grave crise migratoire depuis 1945
Après un Conseil des ministres de la Justice et de l'Intérieur, les chefs de la diplomatie de l'UE doivent se réunir en une conférence sur la « Route de la Méditerranée orientale et des Balkans occidentaux » en présence de leurs homologues de Jordanie, du Liban et de Turquie ainsi que des pays des Balkans occidentaux.
Mercredi devant le Parlement européen à Strasbourg, la chancelière allemande Angela Merkel et le président français François Hollande se sont affichés ensemble, une première depuis Le président François Mitterrand et le chancelier allemand Helmut Kohl au moment de la réunification. Ils ont appelé à l'unité pour changer la politique d'asile « obsolète » en Europe, confrontée à sa pire crise migratoire depuis 1945, mais aussi à empêcher une « guerre totale » en Syrie. L'accueil des demandeurs d'asile qui affluent en Allemagne est « la tâche la plus difficile » du pays « depuis la Réunification », a répété Mme Merkel mercredi soir à la télévision allemande.
Clash Le Pen-Hollande
M. Hollande a de son côté mis en garde, sous les applaudissements, contre une « fin de l'Europe » et un « retour aux frontières nationales » si l'UE ne faisait pas preuve d'unité. Quelques minutes plus tôt, la patronne du Front national, Marine Le Pen, intervenant en tant que chef de groupe, avait qualifié le président français de « vice-chancelier, administrateur de la province France » soumis « à une politique décidée à Berlin, Bruxelles ou Washington », devant une chancelière visiblement gênée par ce clash franco-français au parlement européen.
La réponse du président français n’en a été que plus cinglante. « La seule voie possible pour celles et ceux qui ne sont pas convaincus de l’Europe, c’est de sortir de l’Europe, tout simplement. Il n’y a pas d’autre voie. Celle-là est terrible, mais elle est celle de la logique : sortir de l’Europe, sortir de l’euro, sortir de Schengen, et même, si vous pouvez, sortir de la démocratie parce que parfois, en vous entendant, je me pose cette question », a improvisé François Hollande avec la manière, s’attirant une acclamation de l’assistance et un sourire complice de Mme Merkel.
La souveraineté européenne, c’est d’être capable de décider pour nous-mêmes et d’éviter que ce soit le retour aux nationalismes, aux populismes, aux extrémismes », a-t-il martelé à l’endroit des europhobes.
Rached Cherif