Jusqu’à 3000 jihadistes pourraient revenir en Europe
Entre 1 200 et 3 000 Européens ayant vécu ou combattu avec l’organisation État islamique (EI) en Irak et Syrie pourraient revenir en Europe, selon un rapport d’analystes rendu public quelques jours avant de l’attentat de Barcelone, qui a fait 13 morts. Les experts appellent les pays concernés à préparer minutieusement la gestion de ces retours à risques.
Prémonitoire. Le Réseau européen de sensibilisation à la radicalisation (Radicalization awareness network, RAN), créé par la Commission européenne, a publié une analyse sur ce qu’il est convenu d’appeler les « revenants », ces Européens partis rejoindre les rangs jihadistes en Irak et en Syrie.
« La plupart des pays membres de l’Union européenne », dont la France, « s’attendent à une augmentation lente, mais progressive des retours de combattants » de l’EI et du groupe Hayat Tahrir al-Cham (HTS, ancien front al-Nosra, lié à Al-Qaïda), souligne l’organisation. Le nombre de ces « revenants » devrait notamment augmenter si le « califat » autoproclamé de l’EI, qui a beaucoup cédé de territoire en Syrie et Irak ces derniers mois, « est vaincu militairement ou s’effondre », note-t-il dans un rapport remis en juillet aux pays membres de la Commission.
5 000 Européens partis pour l’Irak et la Syrie
Selon le RAN, « plus de 42 000 combattants terroristes étrangers », ont voyagé pour joindre Daech depuis plus de 120 pays » entre 2011 et 2016, dont « plus de 5 000 » d’Europe. Un afflux d’une ampleur inédite dans l’histoire du jihad dans le monde. 30 % des Européens sont déjà rentrés, au su des autorités – ils sont alors souvent arrêtés – ou clandestinement. Mais, les estimations prévoient « entre 1 200 et 3 000 retours » d’Européens avec « des antécédents différents », en grande partie « des femmes et des enfants », ajoute le RAN.
Ces derniers sont pour beaucoup partis « de Belgique, de France, d’Allemagne et du Royaume-Uni, d’Autriche, du Danemark, de Finlande, d’Italie, des Pays-Bas, d’Espagne et de Suède ». 15 à 20 % sont morts sur place, 30 à 35 % sont déjà rentrés et environ 50 % sont encore en Syrie et en Irak, selon l’Union européenne.
La perspective de retours importants est « une préoccupation sérieuse et croissante » en Europe, sachant que certains « revenants » ont participé aux attaques de novembre 2015 à Paris et de mai 2014 et mars 2016 à Bruxelles, souligne le rapport. Le parcours des auteurs de l’attentat de Barcelone n’est pas connu pour le moment, mais il pourrait confirmer le danger grave que font peser une partie de ces individus.
Rached Cherif
(Avec AFP)