Commission européenne : la vice-présidence qui choque
Avant même sa prise de fonction, la présidente élue de la Commission européenne, l’Allemande Ursula Von der Leyen, provoque déjà une polémique après avoir dévoilé la composition de son équipe. L’attribution au Grec Margaratis Schinas de la vice-présidence pour la « protection du mode de vie européen », en charge notamment des questions migratoires provoque l’indignation.
Inconnu du public jusque-là, Margaratis Schinas a gagné une notoriété certaine quelques heures seulement après l’annonce le 12 septembre de la nouvelle équipe de 26 commissaires européens. Le commissaire grec, dont le portefeuille est intitulé « protection du mode de vie européen », sera en charge des questions migratoires en parallèle de la sécurité et du marché du travail.
Un intitulé aux accents d’extrême droite qui ont suscité la surprise, venant de la part d’une commission élue par une majorité d’eurodéputés pro-européens. Le président de la Commission sortant et issu comme elle du Parti populaire européen (PPE, droite), Jean-Claude Juncker, s’en est ému au micro d’Euronews en estimant qu’il « il faudra changer [ce nom] ». « Je n’aime pas l’idée que le mode de vie européen s’oppose à la migration », a-t-il ajouté à l’attention de celle qui doit le remplacer le 1er novembre.
Même le président du Parlement européen, David Sassoli, a invité la future présidente de la Commission à venir « s’expliquer » sur l’intitulé du portefeuille du futur commissaire Margaritis Schinas.
Dans l’opposition également cet intitulé ne passe pas. « Cette nouvelle Commission ne peut pas faire ses premiers pas entachée par une sémantique d’extrême droite, alors que le Parlement européen est pro-européen dans sa grande majorité », juge Karima Delli, eurodéputée écologiste française.
Principale organisation de défense des droits des migrants, la Cimade s’est également indignée de l’intitulé qui renforce « des logiques de rejet, de dissuasion et de répression, au détriment d’une politique d’accueil qui s’attache à garantir et à protéger la dignité et les droits fondamentaux des personnes exilées ». « La Présidente de la Commission contribue à donner des personnes étrangères une image inquiétante (et) à légitimer les idéologies xénophobes, au mépris du respect des droits fondamentaux des personnes », ajoute l’ONG dans son communiqué.
De son côté, Mme Von der Leyen défend une vision bien plus large des futures prérogatives de son commissaire que ne le laisse penser l’intitulé de son portefeuille. « Le mode de vie européen repose sur la solidarité, la tranquillité d’esprit et la sécurité. Nous devons répondre et apaiser les craintes et préoccupations légitimes sur l’impact d’une immigration irrégulière sur notre économie et notre société », écrit-elle dans la lettre de mission envoyée à Margaritis Schinas.