EuroBasket 2022. « Cet Euro va être très costaud »
EuroBasket. Evan Fournier, joueur NBA et néo-capitaine de l’équipe de France, participait à l’entraînement collectif ce matin avant d’affronter la République tchèque, demain à Bercy. A une semaine du début de l’Euro en Allemagne (du 1er au 18 septembre), le joueur des New-York Knicks parle des Bleus, de son nouveau statut qu’il partage avec son ami Rudy Gobert et de ses attentes pour cette compétition.
Nando de Colo et Nicolas Batum ne sont pas là, vous assumez donc le leadership avec Rudy Gobert, une amitié qui dure depuis vos 13 ans, qu’est ce que ça change pour vous ?
Ça ne change pas grand-chose hormis que nous sommes moins nombreux à nous partager le leadership. Avec Rudy on se connait depuis gamin, nous avons tout de suite bien accroché et nous sommes devenus potes. Aujourd’hui nous sommes des amis proches et nous avons les mêmes ambitions pour l’équipe de France. Voilà plusieurs années déjà que nous avons un rôle important en bleu, nous allons continuer à faire ce qu’on faisait déjà.
Vincent Collet (entraîneur) parle d’une attaque à réinventer, vous partagez ?
Réinventer c’est un grand mot. Il y a plutôt des réglages à trouver, réussir à mettre en place des articulations différentes. Nous avons deux joueurs en moins mais nous n’allons pas tout changer non plus, on va jouer sur les forces des uns et des autres, Tom (Thomas Heurtel) et Tim (Timothé Luwawu-Cabarrot) vont nous apporter des choses différentes sans qu’on leur demande de faire comme Nico et Nando. On se sert de leur savoir-faire et on s’ajuste.
Quel bilan tirez-vous de cette préparation, à une semaine du début de l’Euro, vous vous sentez prêts ?
Franchement, il y a du boulot encore. C’est bien qu’il reste deux matchs (pour la qualification à la Coupe du monde) contre des équipes qualifiées à l’Euro, on va pouvoir progresser et se préparer pour le match d’ouverture face à l’Allemagne chez elle. On va travailler notre attaque, notre défense et notre mise en place afin d’être prêts le jour J.
Sans Nando ni Nicolas, l’équipe va se reposer en grande partie sur vous offensivement, est-ce une pression supplémentaire ?
Honnêtement non, ce n’est pas une pression supplémentaire. Depuis 2019, j’ai un rôle important en phase offensive, j’attire les défenses et j’ai la responsabilité de la marque. Après avoir d’autres armes autour de toi ça soulage un peu, d’autres joueurs vont avoir des rôles différents. On a tous vu que Rudy était plus agressif sur le post-up, Thomas est très fort sur pick and roll, la tâche est d’avantage répartie. Mais mon rôle de scoreur, je l’ai depuis quelques années déjà.
Votre première compétition avec les Bleus a eu lieu en 2014, lors de la Coupe du monde, quel souvenir en gardez-vous ?
Nous avions un groupe extrêmement jeune et on ne donnait pas cher de notre peau durant cette Coupe du monde. Nous ne sommes pas passés loin d’une finale mondiale, c’était très plaisant, il n’y avait pas d’égo. Les vieux nous ont super bien accepté et le groupe vivait bien, il y avait une belle alchimie.
Alchimie que vous retrouvez aujourd’hui avec ce groupe assez jeune finalement que vous devez guider ?
Oui. On a un bon groupe qui vit bien et désormais en tant qu’ancien, j’ai un rôle très différent, je suis le vieux (rires). A l’époque je pensais à me développer sur le plan individuel, à m’affirmer, à prouver ce que je pouvais faire. Maintenant limite ma performance individuelle je m’en tape un peu, j’essaye d’apporter sur chaque entraînement, comment débloquer des situations en tant qu’équipe m’importe plus que ma performance personnelle.
L’objectif a été annoncé par Rudy Gobert, vous venez pour gagner, lors d’un Euro qui semble plus relevé que jamais. Quels sont vos favoris ?
On verra le niveau de jeu mais ça semble très costaud. Le basket international se développe de plus en plus, les Européens dominent en NBA, forcément ça se ressentira sur le niveau. On a quand même un défenseur de l’année (Rudy Gobert), deux MVP (Giannis, Jokic) et un futur MVP (Doncic). Après pour les équipes, il y en a beaucoup qui n’ont pas évolué ensemble depuis longtemps, comme les Grecs qui ne se connaissent pas. Les Serbes n’ont pas eu Jokic depuis un moment, les Espagnols ont une nouvelle génération… La Slovénie de Doncic fait figure de favori tout comme une équipe dont personne ne parle mais que je trouve très costaud, la Lituanie.
Enfin, un mot sur l’inauguration du terrain Léo Lagrange hier à Charenton où vous étiez. Comparé aux Etats-Unis, trouvez-vous que le développement du basket en France va dans le bon sens ?
On a encore pas mal de boulot, même si nous avons de plus en plus de licenciés et que l’équipe de France ramène de bons résultats. Il ne faut pas comparer avec les Etats-Unis, ils ont un rapport au sport différent, ils ont bien plus d’infrastructures. Chez nous c’est une bonne chose de rénover les terrains, ça va attirer du monde vers la pratique.
Propos recueillis par Jonathan Ardines
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