Les écoles de New York ferment pour l’Aïd el Kébir
Les écoles publiques de New York resteront fermées pour la première fois jeudi, à l'occasion de l'Aïd el-Kébir, l'une des grandes fêtes de l'islam. Le maire démocrate Bill de Blasio avait annoncé la mesure en mars dernier, « pour refléter la force et la diversité de notre ville ». Un geste salué comme courageux par de nombreuses associations qui pointent la montée de l’islamophobie due à l’amalgame avec le terrorisme.
Bill de Blasio tient parole
M. de Blasio avait annoncé en mars l'ajout de deux jours de congé pour les fêtes musulmanes de l'Aïd el-Kébir (ou Aïd al-Adha), la fête du sacrifice, et, à partir de l'été 2016, pour la fête de l'Aïd el-Fitr, la fête qui marque la fin du jeûne du ramadan. 1,1 million d'élèves de quelque 1 800 écoles new-yorkaises seront ainsi en congé jeudi, après l'avoir déjà été mercredi pour la fête juive de Yom Kippour.
Les écoles new-yorkaises ferment déjà pour plusieurs fêtes juives et chrétiennes et, depuis l'annonce du maire en mars, un autre jour de congé a été ajouté au calendrier scolaire pour le Nouvel An lunaire, observé en Chine et dans de nombreux pays asiatiques. Il sera célébré en 2016 le 8 février.
Un pas de plus pour une meilleure intégration
« C'est une grande victoire de voir ce jour arriver », a expliqué Linda Sarsour, membre de la « Coalition for Muslim School Holidays » et mère de trois enfants. « En tant qu'imam et parent, je suis très heureux », a également déclaré l'imam Shamsi Ali, directeur du Jamaica Muslim Center dans le quartier du Queens. « Je pense que ce genre de politique va contribuer à donner aux musulmans un sentiment d'appartenance », a-t-il ajouté.
« Nous nous étions engagés vis-à-vis des familles à changer notre calendrier scolaire, pour refléter la force et la diversité de notre ville. Des centaines de milliers de familles musulmanes n'auront plus à choisir entre respecter les jours les plus sacrés de leur calendrier ou aller à l'école », avait expliqué en mars M. de Blasio, dont c'était une promesse de campagne.
Les enfants musulmans représentent un peu moins de 10 % des élèves des écoles publiques de New York, selon les autorités. Entre sept et dix millions de musulmans vivent aux États-Unis, dont un million environ à New York.
Un contexte difficile
New York n'est pas pionnière en la matière. Certaines écoles des États du Vermont, du Massachusetts et du New Jersey –tous dans le nord-est des États unis– ferment déjà pour les fêtes musulmanes. Les leaders de la communauté musulmane de New York demandaient ces jours de congé depuis plusieurs années, et certains espèrent que cette prise en compte des fêtes musulmanes contribuera à lutter contre l'islamophobie. « La période est très tendue », explique Mme Sarsour. « Personne ne peut parler d'islam sans parler de terrorisme ».
À Detroit, une mosquée s'est vu récemment refuser un permis de construire. Et au Texas, un musulman de 14 ans, fils d'immigrants soudanais, a été arrêté pour avoir construit une horloge, dont ses professeurs pensaient que c'était une bombe.
L'un des candidats républicains à la présidence, Ben Carson, un neurochirurgien noir à la retraite, a aussi jeté de l'huile sur le feu en affirmant ce week-end qu'un musulman ne pouvait pas être président des États-Unis. « Un musulman peut-il être président des États-Unis d'Amérique ? En un mot : oui », a réagi sur Twitter Hillary Clinton en lice pour l’investiture démocrate pour l’élection de 2016.
Rached Cherif