Les agressions et actes islamophobes se multiplient depuis les attentats de Paris

 Les agressions et actes islamophobes se multiplient depuis les attentats de Paris

Les attentats ont alimenté les discours xénophobes de plusieurs candidats à la présidentielle


Depuis les attentats de Paris, les incidents contre les musulmans ont atteint « un niveau sans précédent » aux États-Unis. Une islamophobie nourrie par les virulents discours de certains républicains comme Donald Trump en pleine campagne présidentielle, selon la principale association américaine de défense des droits civiques des musulmans.


 


Du jamais vu, même en septembre 2001


Depuis le 13 novembre, des dizaines d'incidents anti-musulmans ont été signalés dans tout le pays : coups de feu contre une mosquée de Meriden dans le Connecticut (nord-est), où le FBI participe à l'enquête ; vandalisme contre un centre islamique de Pflugerville au Texas dont la porte a été couverte d'excréments, un acte que la police a qualifié de « crime de haine » ; un graffiti d'une tour Eiffel en signe de la paix – symbole des attentats de Paris – a également été peint sur un centre islamique d'Omaha dans le Nebraska (centre). « C'est du jamais vu sur une période aussi courte », explique Ibrahim Hooper, porte-parole du Council on American-Islamic Relations (CAIR). Y compris, selon lui, après le 11-Septembre.


Au Texas, où une demi-douzaine d'incidents ont été signalés, les lumières extérieures et la porte de verre d'une mosquée à Lubbock ont été brisées. À Corpus Christi, le centre islamique a reçu des menaces demandant à ses fidèles « de se convertir au christianisme avant qu'il ne soit trop tard », selon CAIR. À Irving, une manifestation devant un centre islamique a dénoncé « l'islamisation de l'Amérique ». Et un homme en treillis a également été arrêté à San Antonio, selon la police, après être rentré dans une mosquée, insultant les fidèles qui priaient.


 


Les politiques pas en reste


« Nous avons déjà eu des poussées de crimes haineux contre les musulmans, mais sur des périodes plus longues », explique M. Hooper. « Il y en a eu beaucoup après le 11-Septembre, mais à l'époque, il y avait aussi beaucoup de soutien pour la communauté musulmane. On ne voit plus ça », ajoute-t-il.


« Nous voyons la banalisation de la haine anti-musulmans par des gens comme Donald Trump ou Ben Carson (candidats républicains à la Maison Blanche). Cela donne un faux sens de légitimité à ceux qui voudraient perpétrer des crimes de haine », explique M. Hooper. Et les dirigeants politiques « ne répondent pas, ne réagissent pas à cette poussée de haine anti-musulmans », regrette-t-il.


Le milliardaire Donald Trump, en tête des sondages dans le camp républicain, a par exemple récemment affirmé avoir vu les images de « milliers » de musulmans applaudissant l'effondrement des tours du World Trade Center le 11-Septembre, depuis l'État voisin du New Jersey. Il a ajouté qu'il envisagerait le fichage des musulmans, voire l'imposition d'une carte d'identité spéciale. Le républicain Ben Carson a pour sa part comparé les réfugiés syriens à des « chiens enragés ».


Rached Cherif


(Avec AFP)