Etats-Unis. L’administration Biden propose de réduire l’aide à la Tunisie

 Etats-Unis. L’administration Biden propose de réduire l’aide à la Tunisie

L’administration Biden a proposé le 1er avril de réduire de près de moitié les aides financières et militaires américaines à la Tunisie, « au moment où le leadership tunisien continue sur la voie de l’autoritarisme », a appris le site Al-Monitor basé à Washington. 

Le 31 mars, le Département d’Etat US s’était déjà déclaré « profondément préoccupé » par la dissolution du Parlement tunisien et la traduction des députés devant la justice

 

Le budget annuel de Washington prévoit désormais en effet « seulement » 61 millions de dollars d’aide militaire et de sécurité à la Tunisie pour l’exercice de l’année prochaine, contre 112 millions de dollars demandés pour cette année, précise Jared Szuba, auteur de cette information.

L’administration Biden avait dévoilé la semaine dernière un document officiel dans lequel elle formule ses projections pour l’année 2023, où pas moins de 3,2 milliards de dollars seront consacrés à « la promotion de la démocratie et de la bonne gouvernance » dans le monde.

 

« Slashed in half », l’aide économique divisée par deux

Ce même budget prévoit également de réduire l’aide économique du Département d’Etat à la Tunisie de 40 millions de dollars, soit là aussi une réduction de quelques de 50% par rapport à la demande de cette année. Des réductions drastiques qui interviennent dans le contexte d’une crise économique sans précédent où le gouvernement de Najla Bouden peine déjà à lever les fonds nécessaires pour honorer les dettes du pays, notamment auprès du FMI.

« Les États-Unis souhaitent continuer de soutenir le peuple tunisien et encourager le retour à la gouvernance constitutionnelle », a souligné un porte-parole du département d’État Ned Price. « Les réductions de l’aide économique et sécuritaire des États-Unis, par rapport aux demandes de l’année précédente, reflètent nos importantes préoccupations concernant le recul démocratique continu », justifie-t-il.

La veille, deux influents députés, Michael McCaul (Républicain – Texas) et Gregory Meeks (Démocrate – New York), membres de la commission des affaires étrangères de la Chambre des représentants, ainsi que les sénateurs Jim Risch (Républicain – Idaho) et Bob Menendez (Démocrate – New Jersey), membres de la commission des affaires étrangères du Sénat, ont publié une déclaration commune. Ils y condamnant ce qu’ils qualifient de « tentative du président Saïed de dissoudre le Parlement, ce laissent présager une nouvelle détérioration de l’État de droit ».

 

Représailles financières

Pour l’ancien diplomate américain Gordon Gray, en poste à Tunis en tant qu’ambassadeur entre 2009 – 2012, « les Etats-Unis ne devraient pas couper totalement leurs aides à la Tunisie, cependant nous devons être clairs quant au fait que tout futur emprunt sera conditionné à la garantie d’un retour à l’ordre constitutionnel », en référence à des obligations d’ordre éthique.

En octobre 2021, le président Kais Saïed avait convoqué l’ambassadeur américain Donald Blome (dont la mission prend fin dans quelques jours, nommé au Pakistan) pour lui faire part de « son mécontentement » à propos de la tenue d’une plénière virtuelle de membres du Congrès américain consacrée à l’état de la démocratie en Tunisie. Un épisode qui ne serait pas étranger, de l’avis de plusieurs observateurs, au froid actuel entre les deux pays, ou encore au fait que qu’Anthony Blinken, en tournée vendredi dernier au Maghreb, n’ait pas fait le déplacement à Tunis.

Si les propositions bi-partisanes (Démocrates et Républicains) américaines de représailles financières, sous forme d’avertissement, aboutissent dans les prochains jours, ce serait la première fois que les Etats-Unis passent à l’action dans le dossier tunisien. Un passage à l’acte via ce que certains appellent « des sanctions tacites » dans un premier temps, à mi-chemin entre les remontrances et des sanctions à proprement parler.

 

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