Et il y eut un matin, film d’Eran Kolirin, de l’humour grinçant à la tragédie d’un peuple, il y a le cinéma

 Et il y eut un matin, film d’Eran Kolirin, de l’humour grinçant à la tragédie d’un peuple, il y a le cinéma

Dans son dernier film, Eran Kolirin renoue avec le style tragi-comique

Et il y eut un matin, film israélien et français d’Eran Kolirin avec Alex Bachri, Juna Souleiman, Salim Daw et Eihab Salame, actuellement en salles.

 

L’histoire se déroule dans un village arabe d’Israël, c’est dans cette zone désertique que Sami (Alex Bachri) a grandi avant de partir sans se retourner. Il se fraye un chemin et fonde une famille. Ayant quasiment coupé les ponts avec les siens, Sami vit à Jérusalem avec sa femme Mira (Juna Souleiman) et leur fils Adam. Installé dans la vie et se croyant comblé, il a le sentiment d’avoir trouvé sa place dans la société israélienne.

Ses parents, eux, ne l’ont pas oublié, ils caressent le rêve de le voir revenir auprès d’eux et ont même commencé à construire une maison pour lui. Ainsi, une occasion se présente, le mariage du frère cadet oblige Sami à exaucer le vœu de sa famille. Il retourne au village, presque contraint, le temps d’un soirée, pensait-il. Il prend part à la fête mais était impatient de rentrer chez lui.

Sauf que dans cette partie du monde, tout peut basculer en un rien de temps pour prendre une dimension tragique. Sans raison apparente, le village est encerclé par l’armée israélienne. Le temps d’une nuit, s’érige un mur et les soldats israéliens bloquent toutes les sorties du village. Les habitants sont assignés à résidence.

Coupé du monde extérieur, piégé, Sami voit tous ses repères s’effondrer l’un après l’autre, à commencer par son couple ainsi que sa vision du monde. Cette détention à ciel ouvert où il n’y a même plus de réseau pour contacter le monde extérieur, oblige le héros à revoir ses comptes, redécouvrir ses parents et retrouver le souvenir de son ancienne vie qu’il a refoulée au plus profond de lui-même.

Le film est une libre adaptation du roman éponyme de l’écrivain et journaliste israélien arabe, Sayed Kashua. Issu d’une famille musulmane, Sayed Kashua écrit en hébreu. Il est connu pour son style humoristique aussi bien dans ses livres que ses éditoriaux. Cet humour cocasse se retrouve dans le film.

Les personnages en situation de survie

Eran Kolirin est le réalisateur du grand succès cinématographique La Visite de la fanfare, en 2007, mettant en scène les tribulations d’une fanfare de la police égyptienne, qui débarque en Israël inaugurer un centre culturel arabe et se retrouve perdue dans le désert.

Dans son dernier film, Eran Kolirin renoue avec ce style tragi-comique. Et il y eut un matin renferme les mêmes ingrédients qui avaient fait le succès de son premier opus ; un scénario truffé de symbolique, des situations cocasses et de l’humour absurde qui fait ressortir les maux intimes et collectifs d’un peuple.

Le réalisateur l’exprime à travers ses mots : « L’absurdité de cette situation est au cœur du roman. Les personnages y sont en situation de survie, et vivent cet état autant de l’extérieur que de l’intérieur, les deux étant intimement liés. Que signifie « être assiégé » ? Cette histoire tente de caractériser l’essence même de cette sensation ».

Actuellement en salles en France, à ne pas rater.

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