Fouad Laroui, chroniques d’humeur et d’humour

 Fouad Laroui, chroniques d’humeur et d’humour

crédit photo : Ulf Andersen/Aurimages/AFP


A travers ses “Méditations marocaines”, qui se lisent d’une traite, l’écrivain témoigne, s’il en était besoin, de son acuité d’esprit. Plusieurs sujets d’actualité sont passés en revue, entre coups de gueule et exercices d’admiration. 


L’auteur, d’origine marocaine, comme le laisse deviner le titre du livre, y a été ingénieur, a enseigné l’économie en Angleterre et est aujourd’hui professeur de littératures francophones à l’université d’Amsterdam. Il maîtrise plusieurs langues : l’arabe classique, le dialectal, le berbère (amazigh), le français, l’anglais, le néerlandais et l’allemand. Et pour avoir vécu dans plusieurs pays, il en connaît également les us et coutumes.


 


Des jihadistes achètent “L’Islam pour les nuls”


C’est dire s’il a des outils en sa possession pour rédiger ses chroniques qui, à l’origine, ont été publiées par le site d’information marocain Le 360 et l’hebdomadaire panafricain Jeune Afrique. Nombre de sujets d’actualité sont abordés avec intelligence, recul, mais aussi avec beaucoup d’humour et c’est ce qui fait le charme de ses textes. Les personnes, les institutions, les médias, les politiciens ou les gouvernements cités dans le livre ont plusieurs points en commun au ­final : l’ignorance, voire la bêtise, le non-respect de l’autre, l’envie d’imposer leurs idées, etc. Cela agace l’auteur et on le comprend.


Dans “Nuls et fiers de l’être”, il raconte l’aventure de deux jihadistes britanniques d’origine pakistanaise qui ont commandé L’Islam pour les nuls avant de ­partir en Irak. Pour Fouad Laroui, il aurait été préférable qu’ils achètent Le hara-kiri pour les nuls. “Et, tant qu’à faire, qu’ils fassent les travaux pratiques prescrits dans ce livre”, ajoute-t-il.


 


Les non-musulmans iraient donc au paradis ?


Dans “Statistique de la peur”, l’auteur explique l’abjecte méthodologie statisticienne de certains médias pour apeurer la population, comme cela a été fait aux Pays-Bas : “Les journaux publièrent des articles dont les titres s’étalaient en lettres de deuil : l’Islam première religion à Amsterdam et à La Haye.” Si les sujets d’actualité sont la première source d’inspiration de ses billets, Laroui s’inspire aussi de ses proches, comme dans “Conversation métaphysique avec ma mère”. Cette dernière s’étonne d’apprendre que les non-musulmans, peuvent également atteindre le paradis après leur mort et l’auteur de lui en apporter la preuve, grâce au verset 62 de la sourate II.


Dans ce recueil, il n’y a pas que des coups de gueule, on y trouve aussi des textes admiratifs, comme “Le Marocain exemplaire de Leipzig” ou “L’homme le plus honnête du monde”, qui mettent à l’honneur de parfaits inconnus.