Éric Zemmour condamné pour injure et provocation à la haine envers les musulmans

 Éric Zemmour condamné pour injure et provocation à la haine envers les musulmans

Eric Zemmour à la convention de la droite en septembre 2019

Le polémiste Éric Zemmour a écopé vendredi à 10 000 euros d’amende pour injure et provocation à la haine. En cause, une violente diatribe sur l’islam et l’immigration en septembre 2019 lors d’un rassemblement politique à Paris.

Le tribunal de Paris a condamné Éric Zemmour pour des propos tenus le 28 septembre 2019, en ouverture d’une réunion baptisée « convention de la droite ». Un évènement dont les organisateurs était des proches de l’ex-députée du Front national (devenu RN) Marion Maréchal.

La cour a considéré « qu’en distinguant parmi les Français l’ensemble des musulmans opposés aux “Français de souche” et en les désignant, ainsi que les immigrés musulmans vivant en France, non seulement comme des criminels auteurs des attentats de 2015, mais comme d’anciens colonisés devenus colonisateurs », les propos poursuivis « constituent une exhortation, tantôt implicite tantôt explicite, à la discrimination et à la haine à l’égard de la communauté musulmane et à sa religion ». La juge a donc suivi les réquisitions du parquet en décidant cette lourde amende.

Ces propos « vont plus loin et outrepassent les limites de la liberté d’expression », a estimé le tribunal. Ils constituent des « propos injurieux envers une communauté et sa religion », a indiqué la présidente de la 17e chambre correctionnelle.

Le fait que le polémiste a « préparé » son discours et « choisi » ses mots a pesé la décision. D’autant plus qu’Eric Zemmour avait été définitivement condamné, quelques jours avant les faits, pour des propos anti-musulmans. L’intéressé a toutefois saisi la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) dans cette autre affaire.

 

Chroniqueur quotidien sur CNews

« Je considère que le tribunal n’a pas fait une application juste de la loi et j’envisage de faire appel », a réagi auprès de l’AFP l’avocat de l’intéressé, Olivier Pardo. Il assure avoir « gagné nombre d’affaires, non devant le tribunal, mais devant la Cour d’appel ou la Cour de cassation ».

Le discours avait provoqué une vague d’indignation dans la classe politique. Il avait entraîné un âpre débat dans les médias pour lesquels travaillait Eric Zemmour. En dépit de l’intense controverse, CNews a recruté le chroniqueur, qui intervient dans une émission quotidienne.

Sa condamnation « ne changera sans doute rien à court terme quant à sa présence sur CNews », a estimé SOS Racisme dans un communiqué. Mais, « il sera maintenant un peu plus évident que cette chaîne fait commerce de la haine », ajoute l’ONG. Elle en appelle donc à la responsabilité des annonceurs. L’association La Maison des potes « demande aux télévisions et radios de prendre à l’encontre de Eric Zemmour les décisions qui s’imposent ».

En revanche, la chaîne LCI, qui avait diffusé l’intégralité des propos en direct, ne sera finalement pas jugée dans ce dossier. Le tribunal a en effet déclaré nulle la citation la concernant, pour une question de procédure.