Eric Dupond-Moretti : « Cela me dégoûte […] C’est facile la surenchère »

 Eric Dupond-Moretti : « Cela me dégoûte […] C’est facile la surenchère »

Le ministre français de la Justice Eric Dupond-Moretti assiste à la session des questions au gouvernement au Sénat à Paris, le 8 juillet 2020. DANIEL PIER / NURPHOTO / NURPHOTO VIA AFP

« À peine la tragédie était-elle publique que des politiciens s’en servaient déjà avec cynisme à des fins électoralistes », a déploré le garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti, au Parisien, suite à l’assassinat « odieux » d’un professeur dans les Yvelines.

Depuis l’atroce décapitation de l’enseignant Samuel Paty à Conflans-Sainte-Honorine vendredi 16 octobre, « une partie de la classe politique semble avoir perdu son sang-froid », a regretté le ministre de la Justice dans un entretien accordé au Parisien ce mardi, soulignant qu’« après les attentats de Toulouse en 2012, il y avait même eu une trêve dans la campagne présidentielle ». De la même manière, il a relevé que les attentats terroristes de Paris en novembre 2015 avait uni toute la classe politique française. Suite au crime contre le professeur Samuel Paty, certaines parties ont réclamé des comptes au gouvernement, en avançant certaines propositions et soulignant la responsabilité de chacun. Des réactions irritantes pour Eric Dupond-Moretti.

« La surenchère, c’est le populisme et la démagogie »

« À peine la tragédie était-elle publique que des politiciens s’en servaient déjà avec cynisme à des fins électoralistes », a dénoncé Eric Dupond-Moretti. « Cela me dégoûte. C’est d’une grande indécence », a affirmé le garde des Sceaux. Pour le ministre de la Justice, le gouvernement n’est pas censé réagir à chaud, mais doit plutôt prendre le temps avant d’annoncer des mesures. « Il faut qu’on travaille avant de présenter quoi que ce soit. Je pourrai vous annoncer 50 mesures. Mais ce n’est pas du tout ce que nous avons envie de faire. On ne peut pas mentir. C’est facile la surenchère. La surenchère, c’est le populisme et la démagogie. Nous allons la laisser à d’autres », a-t-il appuyé.

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« Le moment n’est pas à la polémique »

« J’en appelle à une forme d’union nationale. Le moment n’est pas à la polémique », a martelé le ministre de la Justice sur France Inter. « Ma première idée ce n’était pas d’aller sur un plateau télé, c’est d’aller bosser », a-t-il réagi aux accusations du Rassemblement national pointant un certain laxisme judiciaire.  Après le souhait exprimé par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, lundi matin sur Europe1, de dissoudre notamment le Collectif contre l’Islamophobie (CCIF) en expliquant que « Nous avons un certain nombre d’éléments qui nous permettent de penser qu’effectivement, c’est un ennemi de la République », de son côté, le garde des Sceaux a affirmé que « si l’association a pour but l’expansion du salafisme, cela mérite qu’on regarde à deux fois »« Il faut prendre toutes les précautions, a-t-il souligné, mais on ne peut pas non plus laisser ses associations prospérer dans le terrorisme ». Pour Eric Dupond-Moretti, la lutte contre le terrorisme sera renforcée, mais par la loi, dans le respect de l’Etat de droit.

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