Les pays du Maghreb inégaux face à la menace de la montée du niveau de la mer
Une montée des océans d'au moins un mètre due au réchauffement climatique est inévitable dans les 100 à 200 ans qui viennent, selon les dernières prévisions dévoilées par la NASA mercredi. Une certaine incertitude demeure cependant sur le calendrier exact de cette montée des eaux. Mais, à terme, les conséquences pourraient être catastrophiques pour l’humanité, et le Maghreb ne sera pas épargné.
Étude alarmante de la NASA
« Au vu de ce que l'on sait aujourd'hui à propos de l'expansion des océans avec le réchauffement, et sur la fonte des glaciers et des calottes glacières qui ajoutent de l'eau dans les océans, il est pratiquement certain que nous aurons une augmentation du niveau des mers d'au moins un mètre, et probablement davantage », a expliqué Steve Nerem, de l'université du Colorado et qui dirige l'équipe de la Nasa chargée de surveiller la montée des niveaux des mers.
« Toutefois, on ne sait pas si cela arrivera dans le siècle à venir ou sur une période plus longue », a-t-il ajouté. Les dernières prédictions sérieuses en date, qui remontaient à 2013 par un panel intergouvernemental des Nations unies sur le changement climatique, évoquaient une montée des océans de 30 à 90 cm d'ici la fin du siècle. Mais, selon M. Nerem, les dernières données mesurées par les satellites de la Nasa pointent vers la fourchette haute de ces prévisions.
Le Lac, Radés et Mégrine sous l’eau
En cas de montée du niveau de la mer d’un mètre, plusieurs zones habitées de la rive sud de la Méditerranée seraient touchées, particulièrement en Tunisie. La chaine de l’Atlas qui s’étend principalement du Maroc à l’Algérie, avant de perdre en altitude dans le nord de la Tunisie, assure une barrière efficace pour les deux premiers pays. Leurs côtes rocheuses mettent ainsi à l’abri les principales zones habitées. Une situation bien plus enviable que celle du sud de la France où le delta du Rhône submergerait presque entièrement la Camargue ou celle de plusieurs micro-états insulaires du Pacifique et de l’Océan indien menacés tout simplement de disparition.
Au Maroc, seuls les abords de Tétouan seraient touchés modérément, alors que la longue côte atlantique se verrait légèrement grignotée sans affecter les zones densément peuplées. En Algérie, c’est le Golf d’Arzew près de Mostaganem qui s’étendrait à l’intérieur des terres. Le port actuel d’Alger serait aussi submergé par la mer, sans que celle-ci atteigne les quartiers du centre-ville ou de la médina.
Avec sa faible altitude au niveau des côtes et ses plus grandes villes installées en bord de mer, la Tunisie de son côté ne doit pas sous-estimer la menace. D’importantes zones urbaines comme le quartier d'affaires du Lac de Tunis ou la banlieue densément peuplée du sud de la capitale se retrouveraient sous l’eau dans le scénario de la Nasa. Plus au sud, les iles Kerkennah, connues pour leur relief plat, risquent de se transformer en confetti de bancs de sable inhabitables.
7 à 23 centimètres de hausse depuis 23 ans
Les scientifiques surveillent particulièrement les glaces du Groenland, qui ont fondu à raison de 303 milliards de tonnes par an durant la dernière décennie. L'Antarctique de son côté a fondu de 118 milliards de tonnes par an. Les océans ont monté d'environ 7,6 centimètres depuis 1992, avec des pointes à 23 cm en certains endroits en raison de variations naturelles.
« Nous avons vu en étudiant les changements climatiques survenus depuis la naissance de la Terre que des montées des eaux jusqu'à trois mètres en un siècle ou deux sont possibles si les glaces fondent rapidement », a précisé Tom Wagner, un autre scientifique de la Nasa spécialiste de l'étude des glaces.
Rached Cherif