Entretien Saïed – Macron : Le Sommet de la francophonie passé sous silence ?

 Entretien Saïed – Macron : Le Sommet de la francophonie passé sous silence ?

De nombreuses voix critiquent le manque de fermeté de la France face à l’évolution de la dérive autoritaire du président Saied en Tunisie.

Le président de la République, Kais Saïed, s’est entretenu ce mardi par téléphone avec son homologue français, Emmanuel Macron, officiellement « à propos des relations de coopération économique à la lumière du nouveau contexte international ». Mais le communiqué laconique du Palais de Carthage intrigue davantage qu’il n’informe.  

Selon ce communiqué rendu public par la présidence de la République tunisienne et relayé par l’Agence Tunis Afrique Presse, les deux présidents ont abordé lors de cet échange téléphonique « certaines questions internationales et évoqué les moyens de relever les défis actuels ».

« Ces derniers exigent de nouvelles approches capables de prémunir l’Humanité contre les périls qui la guettent », lit-on de même source. Est-ce à dire que le chantier de la « Nouvelle République » tel que l’envisage l’idéologie saïdiste mettra bientôt en œuvre un néo collectivisme dont on connaît finalement peu les contours ?

En Tunisie comme ailleurs, nul ne sait vraiment ce que signifie ce leitmotiv du « sauvetage de l’Humanité », si ce n’est que ce jargon messianique récurrent prête à sourire, certains internautes se demandant en effet comment un pays aussi endetté que la Tunisie de 2022 peut aspirer (sic) « au salut de l’Humanité ».   

Côté français, le communiqué de l’Elysée ne nous apprend guère plus d’éléments, si ce n’est l’impératif de « parachever la réforme des institutions en cours dans le cadre d’un dialogue inclusif », insistante doléance française, est éludée du communiqué de la présidence tunisienne.

Le pragmatisme n’est plus outre-Atlantique

Corrélant moins son aide économique à la restauration de la démocratie que ne l’ont fait récemment les Etats-Unis de Joe Biden, la France d’Emmanuel Macron confirme qu’elle se veut plus conciliante avec le régime en passe de se mettre en place en Tunisie. Un changement de paradigme de la realpolitik qui peut surprendre ceux qui étaient jusque-là habitués au pragmatisme américain, quoique la France de Sarkozy avait, rappelons-le, jusqu’au bout soutenu l’ancien dictateur Ben Ali. Intimement lié à la stabilisation politique du pays, la primauté de la question migratoire semble dominer aujourd’hui toute autre considération, côté français.

A quelques semaines seulement de la tenue théorique du 18ème Sommet de la Francophonie prévu pour les 18 et 19 novembre à Djerba, est-il cependant concevable qu’un entretien téléphonique entre les deux dirigeants tunisien et français n’ait pas ne serait-ce qu’abordé la question, au moment où des pays dont le Canada pèseraient de tout leur poids pour que cela soit une nouvelle fois reporté ?

Nul doute que la non mention de ce dossier brûlant, oblitéré de façon commode pour les deux parties, ajoute à l’incertitude quant à la tenue de l’évènement dans à peine 8 semaines dans le lieu et la date initialement prévus.

 

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