Racem Flazi, défenseur du droit pour tous
Entrepreneur insatiable, cet Algéro-Syrien est président de LegalPlace, une start-up parisienne qui entend faciliter l’accès aux formalités juridiques, tout en s’appuyant sur des compétences de l’autre côté de la Méditerranée.
A 28 ans, Racem Flazi s’est mis en tête de démocratiser l’accès aux formalités juridiques. “A Paris, une consultation juridique revient en moyenne à 300 euros de l’heure. Pour beaucoup, ce prix constitue un frein”, souligne cet Algéro-Syrien à l’origine de la start-up LegalPlace lancée début 2016. Le concept ? Appliquer les apports de la technologie au champ juridique et réduire les coûts. On peut ainsi éditer un document juridique, comme un contrat, en un clic.
Des collaborateurs à Alger
“A l’aide d’un algorithme, notre logiciel propose une solution adaptée aux besoins du client à moindre coût. Pour les demandes complexes, notre avocat associé entre en jeu”, précise le PDG. LegalPlace compte des partenaires prestigieux comme La Poste mais aussi des jeunes pousses à l’instar de Deliveroo. La start-up s’adresse aux particuliers comme aux entreprises. Elle gagne chaque mois 2 000 nouveaux clients en France et outre-Rhin. “La demande est là. Nous levons des barrières qui permettent de fluidifier l’économie”, estime celui qui a pour livre de chevet Le Mystère du capital : pourquoi le capitalisme triomphe en Occident et échoue partout ailleurs, de Hernando de Soto.
Chez LegalPlace, implantée dans la “Sentier Valley”, à Paris, la dizaine d’employés travaillent en open-space et disposent d’une salle de détente, d’une cuisine, etc.… Tous ne sont pas sur place. “Trois personnes, dont le directeur technique, collaborent avec nous depuis Alger.” Un choix qu’il explique avec pragmatisme : “J’ai gardé l’activité développement en Algérie, car je maîtrise cet écosystème”, explique ce natif d’Oran, féru de lecture et qui très jeune s’est passionné pour le piano, le basket et la technologie. D’ailleurs dès son arrivée en France, en 2009, il crée son agence de référencement pour financer ses études à Supélec. A l’époque déjà, il recrute des ingénieurs à Alger.
Une fois son diplôme en poche, en 2013, l’ingénieur est embauché par le cabinet d’audit EY. Mais son âme d’entrepreneur prend le dessus. Il lance dans la foulée la plateforme en ligne Moutarjam, qui ambitionne de rendre accessible le savoir dans diverses langues dont l’arabe.
Prochaine étape : l’internationalisation
Insatiable, Racem Flazi quitte EY en 2016 et se lance dans l’aventure LegalPlace. Le principal obstacle qu’il a dû surmonter jusqu’alors ? “Il faut savoir faire preuve de résilience face à toutes les difficultés”, tranche-t-il, s’inspirant de son modèle Marc Aurèle, philosophe stoïcien. En attendant, sa jeune pousse enregistre une croissance mensuelle de 15 à 20 % et le pôle “développement” s’agrandit à Alger. “J’ai loué une villa pour les employés là-bas. Ils y travaillent et peuvent même y vivre”, sourit Racem Flazi, qui projette d’embaucher un quatrième ingénieur algérien. Prochaine étape : l’internationalisation, avec des opérations déjà lancées en Allemagne.
MAGAZINE SEPTEMBRE 2017