En Tunisie, les fermetures d’entreprises industrielles exportatrices se multiplient
D’après EcoWeek, publication hebdomadaire du Think-Tank indépendant « TEMA », l’Agence tunisienne de promotion de l’industrie et de l’innovation (APII) a recensé la fermeture de pas moins de 433 entreprises industrielles en Tunisie depuis septembre 2019.
Parmi ces entreprises, cette hémorragie concerne 212 « totalement exportatrices », soit la moitié des fermetures touchant ce qui jadis constituait l’un des fleurons de l’industrie tunisienne, le textile, qui constituait l’essentiel du tissu des PME de régions entières du pays.
Ainsi durant l’année écoulée, cette tendance s’est accélérée, plus précisément entre septembre 2021 et septembre 2022 : 121 entreprises industrielles ont fermé définitivement. Parmi elles, 44 entreprises sont totalement exportatrices, 24 étaient en partenariat avec l’Italie et 9 avec l’Allemagne.
La même source rapporte que la plupart de ces faillites ont été recensées dans la région du nord-est, les secteurs du textile et de l’habillement étant les plus touchés puisque perdant 138 entreprises. Au total, ce sont 6000 personnes qui y ont perdu leur emploi.
Pour l’opposant et ancien candidat à la présidentielle de 2019, Lotfi Mraihi, qui s’exprimait à ce sujet hier 31 octobre, « les investisseurs étrangers ne reviendront pas, et il n’y en aura point de nouveaux tant que le climat politique, fiscal et économique les en dissuadera ».
Séquelles persistantes du Covid, mais pas seulement
Il y a 1 an jour pour jour, en novembre 2021, Béchir Boujdai, membre du Bureau Exécutif de l’UTICA (principale centrale patronale du pays) avait alerté l’opinion sur le fait que la situation de la plupart des entreprises privées en Tunisie était jugée précaire et nécessitait « un véritable plan Marshall ». 54 mille entreprises étaient alors menacées de fermeture, tandis que 130 mille PME avaient déjà mis la clé sous la porte.
Où en sommes-nous aujourd’hui avec un contexte mondial post guerre russo-ukrainienne venu se greffer à la crise préexistante ? Pour le président de l’Organisation des entrepreneurs, Yassine Gouia, « les chiffres d’affaires des PME tunisiennes ont globalement diminué de 70% des suites de ce contexte mondial et national, ce qui a fait rechuter leur situation au même niveau du pic de la pandémie ».
Gouia explique que ce manque à gagner des PME est désormais dû au manque de matières premières, à l’inflation galopante dans le monde mais aussi en Tunisie (9,1% en septembre 2022), à la dépréciation du dinar tunisien face au dollar US, mais aussi à la détérioration du pouvoir d’achat des consommateurs. « 134 mille entreprises ont fermé leur porte en déclarant faillite, et 250 mille autres sont dans l’incapacité de payer les salaires et les charges », précise-t-il.
Les PME étant l’unique vecteur de relance économique, la Banque centrale tunisienne (BCT) devrait selon Gouia faire pression sur les banques pour qu’elles accordent des facilités de trésorerie aux PME qui peinent à accéder au financement de leurs activités.
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