En Tunisie, la prétendue inefficacité du vaccin chinois inquiète
Le 11 avril dernier, un scientifique chinois haut placé avait pour la première fois reconnu publiquement que les vaccins chinois avaient « une efficacité relativement faible » comparée à ceux fabriqués selon le procédé de l’ARN messager, comme celui de Pfizer-BioNTech. Lentement mais sûrement, une vague de réfractaires au vaccin Sinovac proteste dans les centres de vaccination.
C’est un aveu de faiblesse rare de la part d’un haut responsable chinois, d’autant qu’il s’agit du « Monsieur Covid-19 » en Chine. Le directeur du Centre chinois de contrôle et de prévention des maladies, Gao Fu, a ainsi reconnu que l’efficacité des vaccins chinois était faible, pour se faire aussitôt censurer par les autorités chinoises. Reprise par l’Associated Press, la déclaration a de quoi faire trembler au plus haut lieu, en ce qu’elle menace de longs mois de travail de diplomatie sanitaire chinoise dans le monde.
Ils « n’ont pas des taux de protection très élevés », a-t-il déclaré lors d’une conférence dans la ville de Chengdu, dans le sud-ouest du pays. Raison pour laquelle le gouvernement chinois envisagerait de les mélanger à d’autres types de vaccins de sorte de les renforcer.
A peine 51% d’efficacité
C’est la première fois qu’un scientifique chinois haut placé reconnaît publiquement que les vaccins chinois, qui utilisent un virus affaibli pour déclencher le système immunitaire, ont une efficacité relativement faible. En Chine, les vaccins fabriqués par Sinovac, une entreprise privée, et Sinopharm, une entreprise d’Etat, ont constitué la majorité des vaccins chinois distribués dans plusieurs dizaines de pays, dont le Mexique, la Turquie, l’Indonésie, la Hongrie et le Brésil, mais aussi plus récemment la Tunisie qui avait reçu un premier don de 200 mille doses de ce vaccin.
Des chercheurs brésiliens ont constaté que l’efficacité du vaccin Sinovac pour prévenir les infections symptomatiques ne dépassait pas 50,4 % – soit près du seuil de 50 % à partir duquel les experts de la santé estiment qu’un vaccin est utile. En comparaison, le vaccin Pfizer-BioNTech s’est révélé efficace à 97 %.
Début avril, face aux informations se répandant à grande vitesse à propos des premiers cas de thromboses liées au vaccin Astrazeneca, les autorités tunisiennes avaient déjà dû rassurer la population où grandissait le scepticisme auprès des premiers inscrits au programme Evax. « Si une fois sur place, je découvre que c’est du Astrazeneca, je refuserai de me faire vacciner », nous confiait une sexagénaire appelée à se faire vacciner par SMS.
Hier mardi, au premier jour du ramadan, le mufti de la République avait voulu donner l’exemple en se faisant vacciner face caméra, pour signifier aux Tunisiens que le vaccin ne saurait être considéré comme une rupture du jeûne.
Mais avec les nouvelles anxiogènes en provenance de Chine, voilà que s’installe dans les centres de vaccination, où règne déjà une certaine désorganisation, une certaine hiérarchisation des préférences chez une population visiblement bien informée, et qui sait qu’en Tunisie les marques peuvent changer dans une même journée, en fonction des stocks disponibles.
Ainsi pour un couple de retraités convoqué la même journée dans la capitale, le mari a reçu une dose de Sinovac, et son épouse un vaccin Pfeizer, « tellement efficace que le rappel n’est pas aussi nécessaire que pour d’autres vaccins », lui assure-t-on. Dépité par cette loterie vaccinale, le mari fait contre mauvaise fortune bon cœur, nous confiant qu’« au moins, celle avec qui il cohabite sera protégée au mieux ».
« Je me suis fait vacciner au Sputnik V, même si cela n’était pas mon premier choix », affirme le très médiatisé médecin spécialiste en réanimation Zakaria Bouguira sur les plateaux TV, arguant que recevoir un vaccin, n’importe lequel, reste « de loin préférable à la non vaccination ». En mars dernier, des effets secondaires avaient été observés chez 81 cadres médicaux et paramédicaux après avoir reçu le vaccin Spoutnik.