En salles, Pour la France, de Rachid Hami. D’après une histoire vraie
« Pour la France » de Rachid Hami ou l’histoire d’une famille brisée. Au cinéma à partir du 8 février.
Dans la vraie vie, Rachid Hami rêvait de faire du cinéma et son frère Jallal, d’intégrer l’armée. Seulement voilà, la vie en a voulu autrement. Le brillant élève officier de 24 ans est mort en 2012, lors d’un bizutage à Saint-Cyr qui a mal tourné. De ce drame, qui a donné lieu à trois condamnations pour homicide involontaire en 2020, Rachid Hami en a fait l’histoire de son second film, « Pour la France », en salles le 8 février.
Jallal Hami, ce deuxième d’une fratrie de trois, est devenu en une nuit, « le noyé de Saint-Cyr ». Né en Algérie, il a grandi en Seine-Saint-Denis, entré à la prestigieuse école des officiers de l’armée de terre de Saint-Cyr au Morbihan, décédé brutalement lors d’un exercice en groupe de traversée de nuit d’un étang glacé. C’est le « bahutage ». Comprenez bizutage dans le jargon de l’institution militaire qui y voit encore aujourd’hui une « transmission des traditions ».
Pour la France reprend l’histoire de cet élève officier, Jallal Hami. Un long-métrage que son frère Rachid Hami, acteur et réalisateur, a réalisé et coécrit avec Olivier Pourriol et qui fait œuvre à la fois d’hommage au frère ravi à la fleur de l’âge et d’une catharsis.
Le réalisateur dit « avoir puisé dans son vécu pour en faire un objet de fiction ». Dans le deuil, Rachid Hami a essayé de se tenir à « bonne distance de ses émotions », et de « casser les clichés sur la famille magrébine et d’être juste sur l’institution militaire ».
Enterrer Jallal avec les honneurs
Ce drame est entré dans la vie de Rachid, exactement le 30 octobre 2012, quand il a vu arriver deux hommes en uniforme et képi, la mine grave, au domicile de sa mère à Paris. « On a compris tout de suite pourquoi ils étaient venus, la seule question qu’on a posée c’était : “Comment” ? », se souvient-il.
Le lendemain, l’aîné de la famille et sa mère se rendent à Rennes pour identifier le corps. Le procureur leur annonce qu’une enquête est ouverte pour homicide involontaire. « Nous savions que le temps de l’enquête et de la justice serait long », raconte Rachid Hami, qui ne se doutait pas que leur attente durera huit ans pour que le procès ait lieu. « A ce moment-là, ce qui compte pour nous, c’est que Jallal soit enterré avec les honneurs qu’il mérite. »
Un film puissant, Pour la France, est servi par un casting de choix. La critique s’accorde à dire que Karim Leklou mérite la mention spéciale. Mais encore, Shaïn Boumedine, Lubna Azabal, Samir Guesmi et Laurent Lafitte. Un opus qui associe la fiction à la vraie vie dans un subtil mélange et avec un dialogue intense. Les échanges entre l’institution militaire et la famille issue de l’immigration ont particulièrement maqué. Au cinéma, le 8 février.
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