En salle à partir du 23 mars le film égyptien multi-primé Plumes

 En salle à partir du 23 mars le film égyptien multi-primé Plumes

Après avoir reçu le Prix de la meilleure fiction arabe, au festival d’el-Gouna, en Égypte, le réalisateur Omar El Zohairy, est récompensé également par le magazine américain Variety.

A l’affiche en France, « Feathers », Plumes de Omar El Zohairy. Accusé de nuire à son pays, le film suscite la polémique en Égypte depuis sa sortie.

Réalisé par Omar El-Zohairy, 34 ans, le long-métrage de 112 minutes est une co-production Égypte -France -Pays-Bas- Grèce. Le film est en train de remporter un grand succès, là où il est projeté, sauf en Égypte, il fait l’objet d’une grosse polémique.

Plumes a été primé dans de nombreux festivals internationaux. Lors du dernier Festival de Cannes, il a remporté le Grand Prix de la Semaine de la Critique, et le Prix du Jury de la Fédération internationale de la presse cinématographique (FIPRESCI). C’est le premier long-métrage égyptien à remporter le prix de la Semaine de la critique.

Le long-métrage a également reçu des Prix importants au Festival de Carthage, en Tunisie, tels que le Golden Tanit Award pour la première œuvre, le Prix du meilleur scénario et celui de la meilleure actrice. Tout dernièrement, il a remporté la distinction de la « meilleure fiction arabe » du festival d’el-Gouna. Ces nombreuses consécrations n’ont pu toutefois lui épargner l’accusation de « ternir la réputation » de son pays.

Avec un casting entièrement composé d’amateurs, « Feathers » se déroule dans un village qui n’est pas mentionné ni localisé. Les acteurs, pour la plupart des Égyptiens coptes, parlent avec l’accent rural de la Haute-Egypte.

Le réalisateur a fait appel à des gens ordinaires pour jouer dans son film.  Damiana Nassar, qui a interprété le rôle principal de la mère, est réellement femme au foyer dans le village d’Al Barsha, dans la haute Égypte. Alors ses gestes, sa manière de parler, de se déplacer, de faire la cuisine, sont frappants de naturel.

C’est l’histoire de cette femme -Oum Mario- qui devient l’unique source de revenus pour le foyer, quand un magicien de pacotille transforme son mari… en poule !  Une histoire absurde qui se veut une peinture sociale d’une partie de la société égyptienne qui vit dans une extrême pauvreté. La famille est composée du père, autoritaire, mais affectueux avec ses enfants, d’une mère et de deux petits garçons et un petit bébé. Chaque jour, le chef de famille donne à la mère de l’argent et des instructions pour les courses et le menu. Quant à la maman, ses jours se passent mornes et routiniers, entre ménage et cuisine.

« Les accusations sont vulgaires et idiotes »

Et voilà qu’un tour de magie raté tourne à la catastrophe. Pendant l’anniversaire du fils de quatre ans, le père est transformé en poulet blanc. La mère invisible et résignée jusqu’à alors, n’a d’autre choix que d’endosser le rôle de cheffe de famille. Commencent les problèmes, elle doit se battre seule et contre tous. Même à l’usine dans laquelle travaillait le mari, on refuse de lui payer sa pension, n’ayant aucune preuve du décès du conjoint. On lui interdit également de prendre sa place, « puisque cette usine n’emploie pas de femmes ».

Le film est accusé de montrer « une image dégradante » de l’Égypte. L’acteur Chérif Mounir a quitté la salle, au moment de la projection. Il a déclaré lors de son passage, à une heure de grande écoute, dans un talk-show ; « nos anciens bidonvilles et ceux qui disparaissent actuellement restent plus beaux que ceux du film ».

En revanche, pour le critique de cinéma Tarek al-Chennaoui, les accusations se voulant patriotiques sont « vulgaires et idiotes« .  « Artistiquement« , le film est « super« , a-t-il soutenu au micro de l’AFP. Le réalisateur est parvenu, selon lui, à « filmer des enfants et des acteurs amateurs, comme Demiana Nassar, dont c’était le premier rôle, sans être pédagogique mais en entraînant le spectateur« .

Après avoir reçu le Prix de la meilleure fiction arabe, au festival d’el-Gouna, sur la mer rouge, en Égypte, le réalisateur Omar El Zohairy, récompensé également par le magazine américain Variety, déclare avoir fait « un film fort« .  A voir absolument !

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