Emmanuel Macron attendu au centenaire de la Grande Mosquée de Paris

 Emmanuel Macron attendu au centenaire de la Grande Mosquée de Paris

Illustration – La grande mosquée de Paris – THOMAS COEX / AFP

La Grande Mosquée de Paris célèbre ce 19 octobre le centenaire de sa construction. Emmanuel Macron doit participer à la cérémonie prévue pour marquer l’occasion. Construite pour rendre hommage aux combattants musulmans de la Grande Guerre, le monument est encore aujourd’hui au cœur de l’islam de France.

Le monument parisien emblématique célèbre mercredi, lors d’une cérémonie à laquelle doit participer Emmanuel Macron, le centenaire de la pose de sa première pierre. Le président de la République devrait dévoiler à cette occasion une plaque marquant entre autres la « reconnaissance » de la République pour ses soldats musulmans, a indiqué l’Élysée. La Grande Mosquée de Paris (GMP) est un hommage aux musulmans tombés pour la France lors de la Guerre 14-18.

Construite bien avant les grandes vagues d’immigration, la GMP est la première mosquée métropolitaine érigée à l’ère contemporaine. Il s’agissait, pour « les autorités de l’époque », de « rendre un hommage très fort aux musulmans pour leur sacrifice pendant la Première Guerre mondiale », explique le recteur actuel, Chems-Eddine Hafiz.

Environ 70 000 soldats de l’armée française, de confession musulmane, sont morts pendant le conflit, selon une estimation du ministère de la Défense. En 1920, un projet de loi dont le rapporteur est Edouard Herriot, alors député, prévoyant un Institut musulman comportant notamment une mosquée, une bibliothèque, une salle de conférence, est voté au Parlement.

 

Une subvention publique malgré la Loi de 1905

Fait marquant : il comporte une subvention de «500 000 francs », 15 ans après la Loi de 1905 de séparation des Églises et de l’État. L’enregistrement au tribunal religieux d’Alger, alors département français, dans lequel la loi de 1905 ne s’appliquait pas, a permis à l’État de financer le projet. Parallèlement, les autorités ont lancé une souscription dans tout l’empire colonial pour que les musulmans participent à sa construction.

Le 19 octobre 1922 de la même année a lieu l’inauguration solennelle des travaux du futur bâtiment, en présence du maréchal Hubert Lyautey, figure emblématique de la colonisation française au Maroc. Quatre ans seront ensuite nécessaires à son édification. L’inauguration officielle se fera en 1926.

Sa construction correspondait aussi à « des motifs géostratégiques, en pleine lutte entre impérialismes européens », souligne Dorra Mameri-Chaambi. La chercheuse à l’EHESS a consacré une thèse au rôle de la Grande Mosquée dans l’islam en France.

 

Épicentre de l’islam de France

« Avec les accords Sykes-Picot de 1916, les puissances impériales souhaitaient dépecer l’Empire ottoman. La période était également propice à offrir des gages de sympathie aux sujets musulmans de l’Empire colonial français », et à « conforter la France dans son rôle de puissance musulmane d’Europe », dit-elle.

La GMP est encore aujourd’hui au cœur des interactions entre les autorités et la communauté musulmane. Les présidents de la République et les membres de gouvernement s’entretiennent régulièrement avec les responsables de la mosquée sur les questions cultuelles.

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Même si l’islam de France s’est diversifié en un siècle avec de multiples centres de gravité sur le territoire, le poste de recteur de la Grande Mosquée de Paris demeure l’objet de convoitises et de luttes d’influence entre les principales communautés de musulmans.

 

Mélange de matériaux modernes et authentiques

Avec son style hispano-mauresque, ses jardins et patios à l’andalouse, ses zelliges et moucharabiehs et son minaret haut de 33 m, l’édifice religieux, flanqué dès l’origine d’un restaurant et d’un hammam, est devenu un bâtiment emblématique de la capitale. Proche du Quartier latin, entre vieux immeubles parisiens et Jardin des plantes, il est classé à l’inventaire des « monuments historiques » depuis 1983. Sa construction est en béton armé avec des matériaux décoratifs (tuiles vertes, faïences, mosaïques, fer forgé) provenant du Maghreb.

« C’est clairement une architecture maghrébine » qui a été retenue, observe Mathieu Lours, historien de l’architecture. Pour autant, « avec l’utilisation de techniques modernes – le béton », mais aussi « l’importance majeure donnée à la coupole », « la recherche d’un grand volume à l’intérieur comme ce que souhaitent les catholiques à la même époque (dans leurs églises), on se dit que c’est vraiment un édifice religieux des années 1920 », dit-il.