Émirats arabes unis / Israël : La vérité d’un accord

 Émirats arabes unis / Israël : La vérité d’un accord

Manifestation à Al Qods en Palestine contre l’accord de normalisation signé entre Israël et les Émirats. STRINGER / ANADOLU AGENCY VIA AFP

De quoi l’accord de normalisation signé entre Israël et les Émirats est-il le nom ? Présenté comme l’accord du siècle par un Trump, hilare, un Netanyahu victorieux et un Mohammed bin Zayed triomphant, le fameux protocole est au mieux une supercherie et au pire un plan diabolique qui ne sert que les intérêts les plus étroits des trois compères.

 

Officiellement, Israël et les Émirats arabes unis ont conclu un accord présenté comme historique, a rapporté la présidence américaine, « devant aboutir à la normalisation totale des relations diplomatiques entre les deux pays ».

Comme le dindon de la farce reste le Palestinien, l’accord prévoit qu’Israël suspende (le terme est bien choisi) ses projets d’annexion sur plusieurs zones de Cisjordanie, peut-on lire dans le communiqué commun.

Une présence renforcée

Il faut noter d’ailleurs que l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas a qualifié l’accord de « trahison » de la cause palestinienne et a appelé à une « réunion d’urgence » de la Ligue arabe pour le dénoncer.

La Maison Blanche présente ces « accords d’Abraham » comme les premiers du genre conclus depuis celui scellé en 1994 entre Israël et la Jordanie. La bonne blague ! Cela fait belle lurette que les Émirats et l’Etat hébreu travaillent main dans la main sans avoir signé le moindre accord officiel.

En effet, on est passé de relations secrètes, d’une présence discrète en terres arabes de diplomates et agents de renseignement israéliens à une présence renforcée d’Israël à Dubaï ou encore à Riyad ou Koweït city.

Régulièrement, des délégations de hauts fonctionnaires israéliens se rendent aux Émirats arabes unis afin de participer à des conférences internationales comme celle sur la lutte contre la corruption qui s’était tenue à Abou Dhabi en 2019.

Un accord historique ?

Quand Dubaï avait lancé en grande pompe le compte à rebours pour l’Exposition universelle 2020, les autorités du pays avaient réservé un accueil chaleureux au pavillon israélien. Bien avant cela, Israël a développé une coopération officieuse avec des économies régionales telles que le Bahreïn, les Émirats et l’Arabie saoudite avec lesquels l’Etat hébreu a intérêt à normaliser ses relations.

Pourquoi alors, les trois compères ont-ils tellement insisté pour présenter une banale signature comme un accord historique ?

Pour Netanyahu, le bénéfice est certain : le chef de l’exécutif est au plus bas dans les sondages, sa réputation d’homme politique corrompu n’est plus à refaire.

Par cet accord, il cherche avant tout à paraître comme le premier responsable israélien du 21ième siècle à avoir normalisé les relations de l’Etat hébreu avec les pays arabes, un thème auquel les israéliens sont sensibles. De plus, l’état hébreu qui vend déjà abondamment une technologie de guerre aux pays arabes veut renforcer sa coopération dans ce domaine. Bibi a ainsi besoin des pétrodollars pour renflouer une économie au bord du gouffre.

Faire plier le Qatar

Pour Trump, il s’agit ni plus ni moins de se réserver la bénédiction des grands électeurs dont la plupart obéissent au doigt et à l’œil aux injonctions et aléas géopolitiques de l’Etat hébreu et des pays arabes.

Pour bin Zayed, associer son nom aux Israéliens, c’est se donner une notoriété qu’il n’a jamais réussi à asseoir malgré les milliards dépensés pour soigner son image auprès des médias occidentaux.

Plus insidieux, le désir ardent de faire plier le Qatar n’a pas quitté l’esprit du rusé personnage qui rêve toujours de s’entourer d’une cour où le seigneur MBZ serait le véritable chef d’orchestre, et le MBS d’Arabie saoudite, le Hamad du Qatar, le cheikh Hamad bin Issa Al Khalifa du Bahreïn seraient des vassaux dociles et bienveillants.

N’oublions pas que la tentative d’annexion du Qatar par MBZ avait été contrariée par la présence d’une base américaine sur l’émirat. Aujourd’hui que MBZ a les faveurs des maitres du monde, il peut toujours espérer vassaliser ses voisins.

Résister

N’en déplaise aux trois complices, l’histoire du Moyen-Orient reste à écrire, on a beau changé de main la plume, la seule et unique solution d’une paix réelle en Palestine passe par deux Etats. Une option cautionnée par l’ONU et les pays arabe crédibles, à leur tête le Maroc qui garde une capacité d’action qui s’exprimera dès les premières consultations crédibles.

Il faut observer, en effet, que les Palestiniens, artisans de leur révolution, n’ont aucun goût pour les gesticulations de ces nouveaux caniches de l’occident et refuseront toujours l’activisme intéressé de ces nouveaux riches.

Toujours est-il que le Maroc, que Trump espère entraîner dans cette folle expédition, a toujours montré qu’il savait résister aux aventures incertaines, agissant enfin dans le droit-fil de cet idéal de liberté dont rêvent tous les Marocains pour la Palestine en général et la ville sainte d’Al Qods en particulier. Et dans ce que les observateurs appellent le « sens de l’Histoire » …