Près de 2000 arrestations avant de nouvelles manifestations

 Près de 2000 arrestations avant de nouvelles manifestations


Les descentes de police se sont intensifiées durant les dernières 72 heures dans les quartiers des grandes villes égyptiennes, où plusieurs meneurs et manifestants identifiés par les autorités ont été arrêtés. Une répression inédite, la veille d’un vendredi déterminant pour prendre la température de la contestation contre le maréchal al-Sissi.



L'armée participe également aux arrestations nocturnes


 


Le soir du 20 septembre dernier au soir, des centaines de personnes étaient descendues dans les rues pour exiger pour la première fois depuis 2013 le départ du président à l'appel de l'acteur et homme d'affaires égyptien Mohamed Aly, qui l'accuse de corruption.


Rapidement dispersés, les groupes de manifestants ont pu rester quelques heures à Place al Tahrir, où il était jusque là interdit de manifester, d’où des rumeurs de laisser-faire de certains officiers de l’armée, sur fond de guerre des clans dans le renseignement militaire.   


Recyclage des slogans de la révolution du 25 janvier 2011


Plus d'un millier de personnes ont dans un premier temps été arrêtées en Égypte à la suite de ces manifestations, selon des chiffres de deux ONG de défense des droits humains, le Centre égyptien pour les libertés et les droits et le Centre pour les droits économiques et sociaux. The Guardian rapporte pour sa part aujourd’hui le chiffre de quasiment deux mille arrestations, la plupart effectuées à l’aube. Depuis vendredi dernier, les autorités égyptiennes ont aussi arrêté des journalistes locaux et étrangers, ainsi que des militants politiques.  


Parmi les dernières personnes arrêtées, figurent deux universitaires connus pour leurs positions critiques vis-à-vis du gouvernement égyptien. Arrêté mardi soir, Hazem Hosni, professeur de sciences politiques de grande renommée à l'Université du Caire, a fait partie de l'équipe de campagne de Sami Anan, candidat à la présidentielle en mars 2018 face à Abdel Fattah al-Sissi. Ancien général et chef d'état-major, Sami Anan avait été arrêté et emprisonné peu après avoir annoncé sa candidature. 


Renaissance du dégagisme égyptien


Autre professeur de l'Université du Caire, Hassan Nafaa a également été arrêté à son domicile. Répondant à la presse, il s'était montré critique vis-à-vis du gouvernement. Dans son dernier tweet mardi, il écrivait : « Je n'ai pas de doute que le pouvoir absolu de Sissi va mener à une impasse. C'est dans l'intérêt de l'Égypte qu'il quitte le pouvoir aujourd'hui, pour ne pas sombrer dans l’inconnu ». 


À Suez, où une autre manifestation avait eu lieu dès le lendemain samedi 21 septembre, la police a fait usage de balles en caoutchouc et de gaz lacrymogène. Evoquant un « coup de génie » de Mohamed Aly, qui depuis son exil produit plusieurs vidéos quotidiennement, cigarette à la main, des observateurs ont expliqué la réussite de ce coup de force audacieux par la mobilisation à la sortie des matchs de football que le cyberdissident a exploitée à la suite d’un match d’al-Ahly, le tout en l’absence d’al-Sissi en visite officielle aux Etats-Unis.