Le régime d’Al Sissi en « guerre contre le journalisme »

 Le régime d’Al Sissi en « guerre contre le journalisme »

À l’occasion de la journée mondiale de la presse


Le syndicat des journalistes en Égypte a dénoncé mardi un « recul » de la liberté de la presse dans le pays, accusant le pouvoir d'être en « guerre contre le journalisme », deux jours après l'arrestation de deux reporters au siège de l'organisation. 29 journalistes seraient détenus par le régime selon le président du syndicat.


 


Raid de police contre le syndicat des journalistes


Le président Abdel Fattah al-Sissi est régulièrement accusé par les défenseurs des droits de l'Homme d'avoir instauré un régime ultra-autoritaire qui réprime violemment toute opposition depuis qu'il a destitué en 2013 son prédécesseur islamiste élu Mohamed Morsi. Dimanche, la police a mené un raid sans précédent dans les locaux du syndicat des journalistes et arrêté Amro Badr et Mahmoud Saqqa, qui travaillent pour le site d'information yanair.net, critique du président Sissi.


Les deux journalistes sont accusés d'avoir « incité à manifester » et « appelé au rassemblement et à la chute du régime ». Ils ont été placés lundi en détention provisoire pour 15 jours. Amro Badr avait affirmé vendredi que la police avait mené un raid à son domicile et chez Mahmoud Saqqa, et le lendemain, les deux journalistes avaient annoncé qu'ils entamaient un sit-in au siège du syndicat pour protester notamment contre « les descentes de la police ».


 


29 journalistes emprisonnés


« Nous marquons cette année la journée mondiale de la liberté de la presse (le 3 mai), alors que l'Égypte est en recul dans tous les classements internationaux », a déploré mardi le chef du syndicat Yehya Kallache lors d'une conférence de presse. Une assemblée générale du syndicat doit avoir lieu mercredi. « Au lieu de voir le gouvernement prendre des mesures concrètes pour sortir de cette situation, nous avons été surpris de constater une escalade de la guerre contre le journalisme et les journalistes », a-t-il asséné devant 200 journalistes au siège du syndicat dont l’entrée était filtrée par la police.


M. Kallache a notamment dénoncé les « perquisitions sans précédent dans les locaux des sites d'information », ainsi « qu'une pratique de la censure avant la publication ». Il a affirmé que « 29 journalistes étaient actuellement derrière les barreaux, dont certains en détention provisoire depuis près de trois ans ».


 


Le président du syndicat menacé par le procureur


Dans un communiqué publié mardi soir, le bureau du procureur général a indiqué avoir décidé d'imposer un black-out sur cette affaire, car elle contient « des accusations relatives à la sécurité du pays ». « L'accord du président du syndicat concernant le sit-in (…) constitue également un crime passible de sanctions pénales », ajoute le communiqué.


Le bureau du procureur général a par ailleurs démenti les accusations portées contre lui par le syndicat qui affirme que la perquisition au syndicat ne s'est pas faite dans les règles. Les abus policiers ont été un des facteurs déclenchant de la révolte populaire de 2011 qui chassa Hosni Moubarak du pouvoir, mais ces pratiques sont redevenues monnaie courante depuis le coup d’État de juillet 2013.


Rached Cherif


(Avec AFP)