La FIDH dénonce le recours aux violences sexuelles pour « bâillonner » l’opposition

 La FIDH dénonce le recours aux violences sexuelles pour « bâillonner » l’opposition

Les défenseurs des droits de l’Homme dénoncent la mise en place d’un régime plus répressif que celui d’Hosni Moubarak chassé par la révolution de 2011. Khaled Desouki / AFP


Les violences sexuelles commises par les forces de sécurité en Égypte ont connu « une hausse notable » depuis la destitution du président islamiste Mohamed Morsi en 2013, a affirmé mardi la FIDH, qui dénonce une « stratégie politique » visant à « bâillonner » toute opposition. Depuis que l'armée a destitué le président Morsi, les organisations de défense des droits de l'Homme dénoncent régulièrement les violations commises dans ce domaine par les autorités.


 


Viols en toute impunité par les forces de sécurité


Policiers et soldats ont tué plus de 1 400 manifestants islamistes et laïcs et emprisonné au moins 15 000 personnes, tandis que des centaines ont été condamnées à mort dans des procès de masse expéditifs, qualifiés par l'ONU de « sans précédant dans l'histoire récente » du monde.


Dans un rapport, la Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme (FIDH) dénonce « l'implication directe des forces de police, des agents des services de renseignement, de la sécurité nationale ainsi que de militaires » dans des violences sexuelles. « Les cas rapportés font état de viols, de viols avec objets, de tests de virginité vaginale et anale, d'électrocution des parties génitales (…) d'actes de chantage à caractère sexuel », selon un communiqué.


« Les similarités dans les méthodes utilisées et l'impunité générale dont jouissent les auteurs des violences sexuelles prouvent que nous avons affaire à une stratégie politique cynique visant à bâillonner la société civile et à réduire l'opposition au silence », a dénoncé le président de la FIDH, Karim Lahidji.


 


Un régime plus répressif que celui d’Hosni Moubarak


« L'implication des forces de sécurité dans des agressions sexuelles récurrentes au cours des fouilles, des contrôles de sécurité et des interrogatoires jusqu'au sein des institutions judiciaires et policières, dissuadent plus encore les victimes de porter plainte et alimentent un climat d’impunité générale qui contribue à banaliser ces pratiques », souligne le communiqué.


L'ex-chef de l'armée Abdel Fattah al-Sissi, architecte de la destitution de M. Morsi, élu président en 2014 après avoir éliminé toute opposition, islamiste, mais aussi laïque, est accusé par les défenseurs des droits de l'Homme d'avoir instauré un régime encore plus répressif que celui de Hosni Moubarak, le raïs renversé en 2011 par un soulèvement populaire.


« Outre les opposants (…), les victimes sont aussi des représentants des ONG locales, des femmes, des mineurs, des étudiants ainsi que toutes les personnes dont le comportement est perçu comme +déviant+ par les forces de l’ordre », selon l'ONG.


Rached Cherif


(Avec AFP)