Shoah version musulmane
Le directeur de la rédaction, Abdellatif Elazizi revient sur le massacre des Rohingyas en Birmanie, qui ne suscite que peu de réactions.
“Appelez ça comme vous voulez, moi je m’en fous”, chantait hier Maurice Chevalier. Or, ce qui est en train de se passer en Birmanie est bel et bien un génocide. Un génocide commis sous les yeux de la communauté internationale, laquelle condamne du bout des lèvres. Patrick Murphy, chargé de l’Asie du Sud-Est au département d’Etat américain, ne veut pas entendre parler de pressions sur le gouvernement birman, estimant que : “Washington veut travailler avec les autorités birmanes à la résolution de la crise des Rohingyas, mais ne blâme pas le gouvernement d’Aung San Suu Kyi pour les violences qui font massivement fuir les membres de cette minorité musulmane” ! Une carte satellitaire montre d’ailleurs l’ampleur des pogroms antimusulmans avec des centaines de villages Rohingyas brûlés sur des kilomètres et des milliers de cadavres jetés en pâture aux charognards. Une sorte d’Auschwitz en version musulmane. Pour une fois, les radicaux religieux ne sont pas musulmans, mais bouddhistes. Des crânes rasés en robe safran qui brûlent des villages entiers, décapitent et massacrent des bébés. Pour une fois que l’épée qui décapite est du bon côté, pourquoi en faire toute une histoire ?
Certains trouveront le titre de cet édito un peu exagéré, mais il s’agit bien d’une guerre d’extermination qui ne dit pas son nom et qui vise les musulmans comme hier étaient visés les juifs. Si le processus d’extermination des juifs d’Europe fut l’aboutissement de l’idéologie raciste et antisémite développée par le régime nazi, l’extermination des musulmans est le fruit d’une idéologie soutenue par une politique menée par les régimes occidentaux, sous la coupe réglée de sionistes avérés et cela depuis qu’Israël a colonisé la Palestine. Résultat, aujourd’hui, un bon musulman est un musulman mort.
On a bien oublié les morts d’Iran…
Qu’il soit crucifié par les bombes russes en Syrie, décapité par les moines bouddhistes en Birmanie ou enterré vivant sous les bombes au Yémen. Après tout, on a bien oublié les morts d’Iran, les enfants massacrés d’Irak, les victimes de la famine en Somalie et les femmes violées de Bosnie. Depuis, chauffés à blanc par des médias biberonnés à l’islamophobie primaire, terrorisés par des attentats dont on ne sait pas trop qui en sont les véritables donneurs d’ordre, les citoyens des pays dits “libres”, rompant allègrement avec les valeurs chrétiennes, humanistes et philosophiques qui ont fait la grandeur de leur civilisation, se mettent à crier à tue-tête “à mort les Sarrasins” ! Merci qui ? Le Front national et toutes les autres stars de la fachosphère qui se frottent aujourd’hui les mains.
La colère qui gronde sur les réseaux sociaux, parallèle aux rodomontades de Daech qui voit déjà dans le massacre des musulmans de Birmanie l’occasion rêvée de grossir ses rangs avec de nouvelles recrues, est particulièrement inquiétante. Avec cette question lancinante : que faire face aux massacres perpétrés contre nos “frères” là-bas ? Gérard Collomb, le ministre de l’Intérieur, aura beau annoncer la “poursuite des travaux visant à accompagner la structuration d’un Islam de France, pour ne pas laisser le champ libre aux idéologues prônant un discours rigoriste”, le discours des intégristes, lesquels ne cessent de présenter leurs crimes comme une réponse aux massacres des musulmans par les “croisés”, séduit de plus en plus de jeunes Français issus de la diversité, convaincus de l’imminence d’une “guerre des civilisations” ouverte entre l’Islam et l’Occident athée.
MAGAZINE OCTOBRE 2017