Youssef Baghdadi : « Ce business model est universel »
Fort d’un réseau de 30 agences dans 19 villes du Royaume, la Bank Assafa est le leader marocain sur le marché de la finance islamique. Le président de son directoire voit dans ce secteur des possibilités de croissance à long terme et à grande échelle
Quelle est la genèse de la Bank Assafa ?
Il faut remonter à 2007. La banque centrale, Bank Al-Maghrib, avait mis sur le marché trois produits de la finance islamique. Comme il n’existait pas de cadre, les banques marocaines n’arrivaient pas à les commercialiser. Le client trouvait “bizarre” d’avoir des produits participatifs, qu’on appelait d’ailleurs alternatifs à l’époque, au sein d’une banque qui faisait d’autres produits classiques. Du coup, le groupe Attijariwafa Bank a eu l’idée de génie de créer une filiale spécialisée dans les produits alternatifs. Ainsi est née Dar Assafa en 2010, qui est devenue la Bank Assafa le 25 juillet 2017. Depuis huit ans, nous avons appris à vendre de la finance participative au Maroc. Nous étions précurseurs et force de proposition pour la banque centrale, pour le Parlement, le ministère des Finances, afin de créer un écosystème favorable à l’émanation de la finance participative marocaine.
Vous êtes leader sur le marché des banques participatives au Maroc. En sommes-nous encore aux prémices ?
Le plus dur, ce n’est pas d’être leader. C’est de le rester (rires). Aujourd’hui, il y a, au Maroc, cinq banques participatives et trois “fenêtres” de banques françaises (filiales, ndlr) qui peuvent vendre ces produits. En un an, toutes les banques tirent leurs épingles du jeu. On arrive à engranger de nombreux nouveaux clients. En ce qui nous concerne, notre expérience du terrain, depuis 2010, nous permet d’avoir un temps d’avance sur nos concurrents.
La finance islamique est en pleine croissance. Comment l’expliquez-vous ?
C’est un “business model” universel, qui peut être vendu partout dans le monde. Avec des principes en accord avec la charia, mais ce n’est pas propre aux musulmans uniquement. Par exemple, on n’accorde pas de crédit, mais un financement. On ne donne pas d’argent. La nuance avec un crédit classique, et elle est de taille, c’est que nos financements sont toujours en lien avec des biens tangibles pas avec l’économie virtuelle. On finance l’économie réelle. D’ailleurs, lors de la crise de 2008, le modèle islamique a été épargné. On ne peut pas avoir de bulle spéculative, car on ne peut vendre un financement qui est basé sur un autre financement.
Est-ce que la finance islamique est entrée sur les marchés boursiers ?
En Grande-Bretagne ou dans les pays du Golfe, il existe des indices boursiers islamiques qui se sont développés. Au Maroc, ce n’est pas encore le cas, mais nous sommes en train de travailler là-dessus.
L’Afrique représente-t-elle un pan de développement prochain de la Bank Assafa ?
Notre but, en priorité, est d’installer notre banque au niveau marocain. Mais dans deux à trois ans, nous envisageons de nous implanter en Afrique, mais aussi en France, en Belgique, etc. Nous sommes aussi sollicités par des partenaires en Côte d’Ivoire ou au Sénégal.
Voir aussi :
Le marché de la finance islamique en pleine expansion
La finance islamique marocaine se met au numérique