Omar Dakir : « Les visas pour la Mecque ne devraient pas être dans le forfait »
Face à la recrudescence des affaires d’escroquerie et d’arnaques autour des pèlerinages, le fondateur de l'Association Culturelle d'Entraide et de Fraternité, l'ACEF, Omar Dakir a décidé d’agir. Créé en 2014 à Orléans, l’association combat les prix exorbitants du Hajj et Omra et dénonce les pratiques déloyales. Il lance aussi un appel au don pour faire en sorte que les affaires soient mieux traitées par la justice française.
Pourquoi avoir créer l’association ACEF ?
J’ai été sensibilisé à ces questions d’escroquerie par des amis et des membres de la famille. J’ai perçu très tôt que derrière ces arnaques, se cachaient des injustices. Ma passion pour le droit et pour la justice m’ont poussé à un travail de 4 ans pour trouver les réponses. Je voulais que ca s’arrête.
Quelles sont les arnaques dont peuvent faire l’objet les pèlerins ?
La plus classique est l’absence du contrat de voyage, qui est une violation caractérisée de la directive européenne 90-314. Cela peut être aussi des rabatteurs qui perçoivent de l’espèce, des agences qui récupèrent de l’argent et qui disparaissent, des victimes qui ne sont jamais remboursées, des victimes qui sont décédés et dont l’argent a disparu, des victimes laissées à l’abandon à la Mecque.
Quels sont les recours des victimes d’arnaques ?
Le premier et celui que je conseille est de contacter le ministère du Hajj sur place pour leur exposer les faits. Il faut aussi faire un constat sur place, qui sera important pour la suite.
Et en France ?
Je leur conseille de nous contacter. Les agences en France sont tenues au respect de la loi. Il va falloir porter plainte, prendre un avocat. On peut aussi porter plainte auprès de la DGCCRF. Il est aussi important de savoir que lorsqu’une agence ferme, on peut se retourner contre sa garantie financière. Notre but est de sensibiliser sur toutes ces questions qu’il est important de connaître avant le voyage.
Le facteur déterminant est souvent le prix. Quelle est la fourchette pour un voyage au Hajj ?
Nous avons mené une étude avec les autres pays européens. Nos amis belges et espagnols paient moins cher que nous (3900 à 4500 euros en face de la Mosquée Sainte). Pour les français, ils se retrouvent avec des prix plus élevés, 5500 euros en moyenne, dans des hôtels miteux dans le quartier d’Alazaziah à 7 kilomètres de la Mosquée Sainte. En plus du forfait, il faut prendre des taxis ce qui engendrent des surcoûts (de 50 euros par jour, ndlr). Pourquoi une telle différence entre les pèlerins européens ?
Mais les pèlerins n’ont pas le choix. Ils sont obligés de payer le forfait qui comprend aussi le visa par pays.
Selon le code du tourisme et une directive européenne, « le forfait comprend l’hôtel, l’hébergement, la restauration et d’autres services représentants une partie significative du forfait ». Au ski, le remonte-pente est inclus par exemple dans le forfait car il représente une part significative. Pour le Hajj, on nous vend un forfait global avec une petite phrase qui rajoute « les formalités administratives des visas ». Les visas sont gratuits et ne doivent pas être compris dans le forfait du voyage. En effet, si le visa est gratuit, en quoi représente t‘il une part significative du forfait ? Cette phrase n’a rien à faire dans un contrat. On doit pouvoir dissocier le visa et le voyage pour faire jouer la concurrence.
Pour aller plus loin :