Du gaz marocain pour l’Europe ?

 Du gaz marocain pour l’Europe ?

Leila Benali, la ministre marocaine de la Transition énergétique et du Développement durable. Daniel LEAL / AFP

Leila Benali a la baraka. C’est au moment où la ministre de l’Energie bataille dur pour assurer l’approvisionnement en gaz du Maroc que la production de gaz marocain devient une réalité intangible.

 

Cette fois-ci c’est la bonne, et si le démarrage de la production est prévu pour 2024, la firme britannique Chariot Oil & Gas, vient de recevoir en renfort l’appareil de forage Stena Don pour démarrer les opérations de forage de deux puits dans la licence Lixus offshore, d’une superficie de 1791 km².

Au large des permis Lixus offshore de Larache, la présence d’une accumulation de gaz de bonne qualité au niveau du puits Anchois-2 a été détectée. Et Chariot, qui détient une participation de 75% dans la licence « Lixus » contre 25% pour l’Office national des hydrocarbures et des mines (ONHYM), engage des opérations qui devraient durer 40 jours et qui porteront sur l’exploration du gaz du puits Anchois-2, et ce, à quelques dizaines de kms à peine du gazoduc Maghreb-Europe (GME). Pour rappel, les permis avaient été octroyés à l’ONHYM et à la société britannique Chariot Oil & Gas le 30 mai 2019.

L’arrivée de Younes Maamar, l’ex-PDG de l’Office national de l’électricité dans le staff dirigeant de Chariot Oil & Gas Holdings (Morocco), aux côtés notamment du Français Pierre Raillard, directeur de Chariot dans le royaume, en dit long sur la certitude de la firme britannique de tenir enfin le bon filon.

La juniore britannique qui intervient notamment en Namibie, au Maroc et en Mauritanie, qui compte sur l’expertise de Maamar pour la fluidité des opérations au niveau local et international, a déjà signé en octobre un mémorandum d’entente avec un partenaire international pour l’achat du gaz de Lixus.

Les Espagnols sont fortement intéressés par d’éventuels excédents de production surtout après la fermeture, le 31 octobre, du gazoduc Maghreb-Europe (GME) reliant l’Algérie à l’Espagne via le Maroc. Selon nos informations, la firme pétrolière mise sur une couverture maximale des besoins du royaume, ce qui lui laissera le choix de commercialiser le reste de la production.

L’Espagne n’est pas la seule à lorgner sur le gaz marocain, d’autres pays européens suivent discrètement l’évolution de ce dossier au moment où les livraisons de gaz russe à l’UE sont tombées au plus bas, contribuant à̀ une explosion des prix sans précèdent.

Quasi dépendante de Gazprom, l’Europe a subi les restrictions de gaz de Moscou sans pouvoir faire face à ce qui est apparenté comme une arme de dissuasion massive contre les capitales occidentales en raison de l’Ukraine.

Gazprom, le géant gazier proche du Kremlin, détient le monopole des exportations de gaz russe par pipeline vers l’Union européenne. Il assure entre 35 % et 40 % de la consommation de l’Europe.

Les flux exportés de Russie sont tombés à 11 milliards de mètres cubes par mois, alors que le niveau normal se situait à 13 milliards. Une baisse inattendue qui explique en grande partie l’explosion des cours du gaz en Europe depuis la fin de l’été.

Les prix de gros, côtés aux Pays-Bas, ont été multipliés par six entre juin et décembre, entraînant dans leur sillage les tarifs de l’électricité et déclenchant une crise énergétique sans précédent en Europe. Comme le Kremlin est montré du doigt, la commissaire européenne à la Concurrence Margrethe Vestager a estimé, jeudi, que Bruxelles attendait la réponse à ses questions de la part de la Russie  sur ce sujet.

« En face d’une crise européenne qui risque en tout cas de s’installer durablement, la perspective de voir le Maroc devenir un producteur de gaz ne peut qu’apporter du baume au cœur des pays européens », commente un diplomate espagnol.