Drapeau tunisien oblitéré à Radès : le président Saïed promet de « punir les responsables »
Faisant irruption dans la piscine olympique de Radès, banlieue sud de Tunis où se tient la 7e édition du Tunisian Open Master, organisée par la Fédération tunisienne de natation, le président de la République a ordonné, furieux, puis en pleurs, que soit rétabli le drapeau national.
Dès le début mai, nous revenions sur les graves sanctions qu’encourait la Tunisie pour non-conformité avec la juridiction de l’Agence mondiale antidopage (ADA), avec effet immédiat : « le drapeau tunisien ne sera pas autorisé à être levé aux Jeux olympiques ni dans des championnats régionaux, continentaux ou mondiaux », jusqu’à ce que le pays se conforme à la législation de l’Agence, avait décrété cette dernière.
Dix jours plus tard, les autorités sportives tunisiennes ne semblaient pas pressées d’y remédier, si bien que l’ADA a mis à exécution une deuxième fois ses sanctions : après les 16èmes Championnats d’Afrique en Angola où la Tunisie, lauréate d’une médaille de bronze, fut privée de drapeau sur le podium le 2 mai dernier, le même sort est réservé à la bannière du pays, cette fois sur le sol tunisien, où le Comité olympique veillait à faire respecter la décision. Rapidement, l’image du drapeau recouvert par un vulgaire bout de tissu fait le tour de la toile, avec son concert d’indignations mais aussi de voix plus conciliantes, ayant conscience de la nature laborieuse du processus des amendements légaux en cours.
Larmes présidentielles et critiques de l’opposition
Mais Kais Saïed ne voulait rien savoir ! Grondant vertement le gouverneur de Ben Arous et tous les responsables locaux venus s’enquérir de sa visite, le chef de l’Etat a présidé une cérémonie improvisée de salut du drapeau, laissant couler au passage quelques larmes, visiblement ému.
A l’issue de cette il a ensuite tenu une réunion ministérielle au Palais du Gouvernement à la Kasbah, où il a ordonné des « mesures pénales et administratives immédiates » pour punir l’incident du drapeau recouvert, soulignant que « celui qui a osé couvrir le drapeau national tunisien doit réaliser qu’il a commis un crime odieux contre le peuple tunisien et qu’il ne peut ainsi rester impuni« .
« Il s’agit d’un outrage contre la nation, tout comme il est un affront aux sangs de nos martyrs », a fustigé le président Saïed, à gorge déployée. Il par ailleurs, souligné qu' »aucune tolérance ne sera admise à l’endroit de quiconque se croit être au-dessus de la loi ou qui se dérobe sous le manteau de l’inféodation à l’étranger« , allusion à une partie de l’opposition exilée qui a souligné « la décadence qui a conduit à cet incident dans l’indifférence générale » dans un premier temps.
« Le drapeau de la Tunisie ne sera jamais délaissé, tout comme il ne sera remis aux générations à venir que pour le porter haut en Tunisie et à l’étranger« , a encore martelé le président Saïed.
Si le ministre de la Jeunesse et des Sports a donné ses instructions à l’Inspection générale du département aux fins de « diligenter une enquête », des têtes sont déjà tombées, avec la dissolution aussitôt du bureau exécutif de la Fédération nationale de natation ainsi que le limogeage du directeur général de l’Agence nationale antidopage, Mourad Hambli, et du directeur régional de la Jeunesse et des Sports de Ben Arous, Chokri Chelbi.
Reste que certains s’inquiètent des répercussions que ce mélodrame filmé pourrait avoir sous peu pour la natation tunisienne et l’ensemble du sport tunisien, passible de représailles olympiques. « Le président sait-il ce que risque notre pays lorsqu’il s’exclame « au diable le Comité olympique ?! », a notamment mis en garde l’activiste Khalil Gantara, rappelant que l’enfer est pavé de bonnes intentions.