Elles défient le patriarcat religieux

 Elles défient le patriarcat religieux

crédit photo :Fred de Noyelle/Godong/Leemage/AFP


Juives, chrétiennes ou musulmanes, elles sont de plus en plus nombreuses à ne plus se résigner à l’absence des femmes dans les instances religieuses. A ­Copenhague, nous sommes allés à la rencontre de Sherin Khankan, première femme imame du Danemark. Dans la mosquée qu’elle a inaugurée en août 2016, ce sont des voix féminines qui prononcent les prêches du vendredi.


Partant du principe que, dans le monde de la religion, les hommes n’ont pas le monopole de l’érudition, rien ne ­justifie donc qu’ils aient celui du pouvoir. Cette militante ­féministe n’est pas la seule à oser s’approprier une fonction majoritairement masculine. En Chine, en Afrique du Sud, mais aussi aux Etats-Unis, au Canada, en Allemagne et en Angleterre, des musulmanes dirigent la prière.


 


Non, l’imam n’est pas forcément un homme


Au Maroc, depuis 2005, les “mourchidat” (guides religieuses) ont été formées pour diffuser un Islam moderne et féministe. De telles initiatives, encore minoritaires, peuvent surprendre, mais parions qu’avec le temps, on s’habituera à l’idée que l’imam n’est pas forcément un homme.


Delphine Horvilleur, l’une des rares femmes à diriger une synagogue en France depuis une dizaine d’années, raconte que de jeunes garçons viennent souvent lui dire leur déception de ne pouvoir devenir rabbin, pensant qu’être une femme est une condition sine qua non…


Il n’y a pas de raison que cette évolution des mentalités ne concerne pas les musulmans et les chrétiens. Des théologiennes revendiquent d’ailleurs l’accès à la fonction de prêtre, indépendamment du genre. Et dans les faits, plus de 150 femmes l’exercent, autant en Amérique qu’en Europe ou en Afrique, faisant fi de l’interdiction du Vatican.


Pour quelle raison la moitié de l’humanité aurait-elle moins le droit à la parole ? Et pourquoi les femmes ne pourraient-elles pas avoir la même autorité légitime que les hommes ? “Le XXIe siècle sera religieux ou ne sera pas”, pronostiquait André Malraux, oubliant de prévoir qu’il s’accordera tout doucement au féminin.  


Le dossier du Courrier : 


La Sherin de Copenhague


Sherin Khankan : « la société européenne a tout à gagner à un islam féministe »


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Au delà du féminisme