« Dys » sur 10 contre l’échec scolaire
Difficultés à lire, fautes d’orthographe à foison, déficit d’attention…Le profil d’un éléve perturbé, perturbateur ou hyperactif ? Pas forcément. Et s’il s’agissait d’un trouble de l’apprentissage ? En France, entre 8 et 10 % des enfants scolarisés seraient concernés.
La diversité est une richesse, mais de temps à autre, elle peut ralentir le rythme d’une classe. Il convient alors de trouver des modalités pédagogiques et didactiques pour permettre à tous les enfants de suivre une scolarité “normale”. Mais avant d’en arriver là, les épisodes douloureux se multiplient : “Tous les soirs, c’étaient des crises de larmes, des coups de colère, des cahiers qui volent, et moi je m’acharnais à le faire travailler sur les exhortations des enseignants. Aujourd’hui, je sais que c’était de la maltraitance”, témoigne une mère.
Finalement, un diagnostic est posé. Son fils est un enfant “dys” : trois lettres pour désigner des troubles cognitifs et un préfixe commun à plusieurs troubles des apprentissages – dyslexie (langage écrit), dysphasie (langage oral), dyspraxie (coordination du geste). En France, entre 8 et 10 % des enfants scolarisés sont confrontés à ces difficultés, soit environ deux enfants par classe.
Comment les détecter ? Une confusion des lettres similaires (b, d, p), une graphie hésitante, des difficultés d’apprentissage, de langage ou d’autonomie sont les premiers signes d’alerte. “Un enfant ‘dys’ est dans la même position qu’un étranger qui doit apprendre une langue”, explique Nathalie Giraudet, membre de la Fédération française des Dys (FFDys). Depuis 2005, la loi reconnaît l’existence d’un handicap dû aux troubles des fonctions cognitives : “Chaque enfant ‘dys’ a sa particularité. Il faut procéder par élimination, exclure des troubles psychoaffectifs, une éventuelle surdité, un retard mental ou de psychomotricité, établir un bilan orthophonique avec une rééducation au minimum d’un an.”
Résistances du personnel enseignant
Les élèves diagnostiqués peuvent intégrer une école inclusive adaptée à leurs besoins. Mais la plupart des parents optent pour le maintien en milieu ordinaire et sont confrontés à des résistances du personnel enseignant : “C’est notamment le cas dans les zones rurales, où il y a un manque de formation des professeurs, de mise à disposition d’outils pédagogiques pour optimiser une scolarité adaptée”, détaille Nathalie Giraudet. Un enfant “dys” a une intelligence préservée et déploie des stratégies ingénieuses pour pallier les troubles qui l’affecteront au quotidien tout au long de sa vie.
LE BILINGUISME, ATOUT OU HANDICAP ?
Il est fréquent que les enfants issus de l’immigration, qui apprennent d’emblée les deux langues (celle du pays de résidence et celle d’origine) les mélangent. Les parents, les pédiatres et les enseignants ont vu dans cette novlangue un trouble du langage. Pourtant, les enfants savent les distinguer dès leur plus jeune âge, sur la base de l’intonation. Malgré un léger retard d’acquisition, il a été observé qu’à terme, l’objectif est atteint : ils s’expriment parfaitement bien dans les deux langues. Cette valorisation culturelle doit être encouragée afin d’éviter une déstabilisation affective et cognitive chez l’enfant, en particulier chez le primo-arrivant.
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MAGAZINE SEPTEMBRE 2017