Disparition d’Emma Raguin, co-fondatrice du Panorama des Cinémas du Maghreb et du Moyen-Orient

 Disparition d’Emma Raguin, co-fondatrice du Panorama des Cinémas du Maghreb et du Moyen-Orient

Emma Raguin, directrice artistique et programmatrice du Panorama des Cinémas du Maghreb et Moyen-Orient, décédée le 25 décembre 2023. Photo d’Emma Raguin : Gilles Erard Rémond – Photo de fond : Nicolas Guyonnet / Hans Lucas / AFP

La co-fondatrice du Panorama des Cinémas du Maghreb et du Moyen-Orient (PCCMO), Emma Raguin est partie paisiblement le jour de Noël, entourée de ses proches, des suites d’une longue maladie. Elle avait 56 ans. Un hommage lui sera rendu lors de la 19ᵉ soirée d’ouverture du PCMMO, jeudi 29 février 2024.

 

Créé à Saint-Denis en 2006 par Kamal El Mahouti, le PCMMO était devenu au fil des années un festival incontournable pour les cinéastes du Maghreb et du monde arabe. Les films étaient projetés dans plusieurs salles franciliennes, comme à l’Ecran de Saint-Denis, au Studio d’Aubervilliers, ou encore à l’Institut du monde arabe (IMA).

« Même si je suivais depuis le début sa maladie, sa disparition reste un choc pour moi, témoigne émue Layane Chawaf, responsable cinéma à l’IMA. Elle n’était pas seulement une partenaire avec qui nous travaillions en harmonie, elle était d’abord une amie. On s’appelait souvent. J’ai encore du mal à croire que je ne pourrais plus l’appeler. Emma était une femme lumineuse, une crème. Elle ne disait jamais de mal des films et cherchait toujours du positif dans chaque oeuvre. Elle partait du principe que quand un cinéaste fait un film, il donne beaucoup de soi, et cela méritait d’être respecté ». 

À sa création en 2006, l’objectif du festival est de faire connaître le cinéma marocain. Deux ans plus tard, en 2008, le Panorama des cinémas du Maroc devient le Panorama des cinémas du Maghreb avec la volonté d’ouvrir ses frontières et de permettre ainsi à des films de toute l’Afrique du Nord de rejoindre la programmation du festival. Toujours dans l’énergie de partager le cinéma du monde arabe, l’équipe décide d’intégrer les cinémas du Moyen-Orient en 2012, pour la 7e édition.

Lumineuse, positive, c’est aussi avec ses mots que Béatrice Grossi, responsable du jeune public au cinéma Le Studio à Aubervilliers, aime à décrire Emma Raguin:« Elle avait le don de toujours trouver une qualité dans un film. Elle a défendu énormément de cinéastes qu’elle a par la suite accompagnés ». 

Béatrice Grossi se souvient de sa première rencontre avec Emma. « Elle était venue au Studio pour une séance du PCCMO. C’était en 2013, j’étais stagiaire au Studio et je revenais d’un périple de dix ans au Moyen-Orient. Ce festival a été un pont magique pour moi. Grâce à lui, je replongeais vers ce voyage qui m’avait profondément marqué ». 

Laurent Callonnec, directeur du cinéma L’Ecran de Saint-Denis connait Emma Raguin depuis 30 ans. « On se croisait souvent, on habite tous les deux Saint-Denis. C’était une femme lumineuse, généreuse, et aussi très engagée, avec une vision très forte du cinéma. Son festival, c’était l’anti-thèse du cinéma glamour. Elle avait aussi développé plusieurs projets citoyens, notamment en direction des femmes des quartiers populaires pour pouvoir les amener gratuitement au cinéma », rappelle-t-il.

« Emma appréciait beaucoup les cinéastes, les actrices, les acteurs, elle était elle-même comédienne, et elle a effectué un excellent travail au festival du PCMMO avec son époux Kamal El Mahouti, et toute l’équipe. Elle avait beaucoup de qualités humaines, était généreuse, attentionnée, c’était un plaisir de travailler avec elle », a tenu également à témoigner Olivier Haddouchi, historien du cinéma.

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