Disparition de Nora Abdelmalek à Saint-Nazaire : sa sœur dénonce l’inaction de la police
Depuis le 10 septembre, Nora Abdelmalek, mère de famille de 38 ans, installée à Saint-Nazaire avec son mari et ses jumeaux, a disparu. Pour sa sœur, Sonia, qui ne ménage pas ses efforts pour la retrouver, il ne fait aucun doute : quelque chose de grave est arrivé à Nora.
LCDL : Vous ne croyez pas à l’hypothèse qui dit que votre sœur aurait « pété un câble » et serait partie volontairement pour ne pas revenir…
Sonia : Oui, j’en suis persuadée. Même si ma sœur était fatiguée ces derniers temps parce qu’elle s’occupe de ses deux garçons d’un an, c’est quelqu’un de très stable. Elle n’aurait jamais abandonné sa famille qu’elle aimait. Elle n’a pas fugué à 20 ans, ce n’est pas maintenant qu’elle déciderait de partir, alors que la naissance de ses deux bébés l’a rendue si heureuse.
Depuis cet été, elle était à Saint-Nazaire pour pouvoir démarrer une nouvelle vie avec son mari et ses deux enfants. Je l’avais régulièrement au téléphone et elle n’a jamais évoqué de problèmes graves. Pourquoi serait-elle partie du jour au lendemain ?
La nuit précédant sa disparition, elle s’est endormie et tout allait bien. L’oncle de son mari chez qui ma sœur vivait a entendu une porte claquer vers 8h du matin le 10 septembre, puis il s’est rendormi. J’ai la profonde conviction que quelque chose de grave est arrivé à Nora.
Elle disparait le 10 septembre et la première grande opération de recherche menée par la police a lieu le 7 octobre…
Oui, et c’est un scandale. Il a fallu attendre un mois pour qu’elle ait lieu ! Pourtant, très vite, après la disparition de ma sœur, j’ai demandé aux policiers du commissariat de Saint-Nazaire de lancer des recherches.
Il a déjà fallu attendre 48h pour qu’ils signalent sa disparition. Par la suite, je leur ai demandé d’analyser les vidéos de la ville et ils m’ont répondu par la négative, parce « qu’il y aurait trop d’heures à regarder ». Ils ont juste analysé les vidéos disposées près de la gare parce que le téléphone de Nora avait borné à cet endroit quelques heures après sa disparition.
Le 4 octobre, vous avez organisé une battue…
Effectivement ! Trois jours avant la grande opération de la police ! En prévenant les policiers que j’allais organiser une battue, ils m’ont dit : « faites la vôtre, nous ferons nos propres recherches ». Une association locale « Réveillons la solidarité » m’a aidée, et dimanche 4 octobre, nous étions près de 70 personnes à tenter de retrouver ma sœur. On a scruté tous les points d’eau, fouillé les forêts, etc. En vain.
Comment expliquez-vous le « peu de soutien » de la police ?
La police pense qu’il s’agit d’un départ volontaire et que Nora aurait fait un « burn out ». Les appels et les comptes bancaires de ma sœur ont pourtant été épluchés. Les fonctionnaires de police n’ont rien trouvé de suspect.
Et puis, je ne voudrais pas être parano mais j’ai tout de même l’impression qu’en France, toutes les victimes n’ont pas droit au même traitement. Les opérations de recherches qui ont été menées le 7 octobre avec le soutien d’une équipe cynophile de trois chiens, des pompiers et de deux drones auraient dû être réalisées bien avant.
Que demandez-vous aujourd’hui ?
Je demande à ce que tous les moyens soient mis en œuvre pour retrouver Nora. J’aimerais que toutes les caméras de la ville soient exploitées. Je trouve dommage qu’il a fallu faire appel à la presse locale pour que la police s’occupe enfin de la disparition de ma sœur. Aujourd’hui, j’aimerais juste que la police et la justice fassent son travail. Rien de plus.