Discriminations/Tunisie : l’arrestation de Saadia Mosbah, révélatrice du climat tunisien ?

 Discriminations/Tunisie : l’arrestation de Saadia Mosbah, révélatrice du climat tunisien ?

La Tunisienne Saadia Mosbah (C) qui dirige l’association Mnemty, visite un camp abritant des migrants d’Afrique subsaharienne installé devant le siège de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) à Tunis, le 7 mars 2023.

Echo international et soupçon de diffamation à l’encontre d’une association tunisienne aidant les migrants, l’arrestation de Saadia Mosbah interpelle.

 

Arrêtée lundi dernier (6 mai) et placée en garde à vue pour une durée de cinq jours. Saadia Mosbah, présidente emblématique de l’association Mnemty engagée contre les discriminations raciales en Tunisie, a été sanctionnée conformément à la loi sur la lutte contre le terrorisme et le blanchiment. Cette arrestation fait suite aux perquisitions du siège de son association ainsi que de son domicile.

Cette personnalité reconnue de la lutte contre le racisme en Tunisie se retrouve donc soupçonnée d’irrégularité financière grave. La ligue tunisienne de défense des droits de l’Homme s’est indignée de cette arrestation, résultant, selon elle, d’une campagne de diffamation à l’encontre des migrants subsahariens et des associations pour les droits de ces derniers.

 

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Complot ?

Créée en 2013 et visant à lutter contre les discriminations raciales en Tunisie, l’association Mnemty se retrouve aujourd’hui dans le viseur du gouvernement. L’association de Saadia Mosbah est accusée d’avoir un rôle actif dans un complot visant à encourager et seconder l’installation de migrants subsahariens en Tunisie.

Complot, « grand remplacement », cette théorie, partie de franges nationalistes tunisiennes, est aujourd’hui relayée au sommet de l’Etat.

Le 21 février 2023, Kaïs Saïed appelait à l’arrêt des « hordes de migrants clandestins » subsahariens, dont l’immigration serait « source de violence, de crimes et d’actes inacceptables ».

Des propos ayant favorisé une vague d’actes racistes commis à l’encontre des personnes migrantes mais également contre les Tunisiens à la peau noire.

 

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Harcèlement

Les propos du président Kaïs Saïed avaient provoqué une vague d’indignation des différentes ONG œuvrant pour les droits des personnes migrantes et contre le racisme. La société civile s’était alors également faite entendre à travers des rassemblements organisés dans le pays.

Depuis, les campagnes diffamatoires visant mouvements et associations antiracistes se sont multipliées.

Le contexte migratoire, amplifié par le blocage en Tunisie de nombreux subsahariens espérant atteindre l’Europe, a fortement mis à mal les avancées sur les discriminations raciales. Le 23 octobre 2018, l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) adoptait une loi historique contre les discriminations raciales.

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